Thaïlande: la fille de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra officiellement intronisée pour les législatives

17:325/04/2023, Çarşamba
AFP
La fille de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, Paetongtarn Shinawatra. Crédit photo: Jack TAYLOR / AFP
La fille de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, Paetongtarn Shinawatra. Crédit photo: Jack TAYLOR / AFP

Le principal parti d'opposition en Thaïlande, Pheu Thai, a officialisé mercredi la candidature de Paetongtarn Shinawatra, la fille du controversé ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, pour le scrutin national du 14 mai, dont elle part favorite.

La foule parée de rouge a rugi au moment où Paetongtarn Shinawatra (36 ans) a fait son apparition sur la scène posée sur la pelouse d'un stade de foot de la banlieue de Bangkok.


Elle était accompagnée des deux autres candidats du mouvement, Srettha Thavisin, un magnat de l'immobilier fraîchement reconverti dans la politique, et Chaikasem Nitisiri, un cadre de longue date.


En Thaïlande, le Premier ministre est élu par l'Assemblée nationale et le Sénat, sur la base de noms choisis par les partis. Ceux-ci peuvent en désigner jusqu'à trois.

En tête des sondages, Paetongtarn, surnommée "Ung Ing", ne laisse que peu de lumière aux autres : l'évocation du nom de famille déchaîne les passions dans le royaume depuis plus de vingt ans.


La richissime famille Shinawatra reste une référence politique clivante, vénérée dans les régions rurales du Nord, mais honnie par les élites militaro-royalistes de Bangkok.


Son père Thaksin, à la tête d'un empire dans les télécoms avec une fortune estimée à deux milliards de dollars, selon Forbes, a été Premier ministre de 2001 à 2006, avant d'être renversé par l'armée.


Sa tante Yingluck a dirigé le pays de 2011 à 2014, jusqu'au putsch mené par Prayut Chan-O-Cha, l'actuel Premier ministre qui se présente pour un second mandat consécutif.


Bien que la campagne gagne en intensité, les apparitions en public de Paetongtarn pourraient se raréfier, car elle doit accueillir son deuxième enfant en mai.


"C'est un défi, mais on va aller de l'avant et communiquer autant que possible"
, a-t-elle déclaré.

"Les gens qui pensent que des femmes enceintes ou des mères ne peuvent pas être des leaders sont des idiots"
, lance Chuthamas Thriwarin, une militante de 67 ans.

Pheu Thai fait campagne en promettant un quasi doublement du salaire minimum, à 600 bahts (16 euros) par jour, une mesure choc dans un royaume à la croissance atone depuis la pandémie.


Mais Paetongtarn, dont c'est la première élection, n'incarne pas une rupture idéologique, explique Puangthong Pawakapan, analyste politique à l'université Chulalongkorn de Bangkok.


"Peu importe qu'elle ait de l'expérience politique ou non, du moment qu'elle représente Pheu Thai, elle représente Thaksin"
, qui vit à Dubaï pour échapper à une condamnation pour corruption qu'il juge politique, estime l'experte.

Le chemin jusqu'au pouvoir reste semé d'embûches pour la famille Shinawatra, qui doit composer avec une Constitution qui favorise un candidat proche des militaires.

Pheu Thai vise 310 sièges sur les 500 de l'Assemblée nationale pour contourner le vote des 250 sénateurs nommés par l'armée. 


Ceux-ci pourraient faire barrage à Paetongtarn même en cas de raz-de-marée électoral, ce qui pourrait favoriser la figure plus consensuelle de Srettha Thavisin, juge Puangthong Pawakapan.


"Pheu Thai ne peut gagner tout seul, le pays et le peuple doivent gagner ensemble"
, a assuré Paetongtarn.

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