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Stoltenberg appelle l'Otan réunie à Prague à lever les restrictions sur les armes fournies à Kiev

Les pays alliés de l'Ukraine doivent la laisser frapper la Russie avec les armes qu'ils lui fournissent, a réclamé jeudi à Prague le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg, peu avant le début d'une réunion ministérielle de l'Alliance atlantique.

18:04 - 30/05/2024 jeudi
AFP
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg lors d'une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN à Prague, en République tchèque, le 30 mai 2024.
Crédit Photo : MICHAL CIZEK / AFP
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg lors d'une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN à Prague, en République tchèque, le 30 mai 2024.
"Je pense qu'il est temps de remettre en cause certaines de ces restrictions afin de permettre aux Ukrainiens de se défendre",
à la lumière des récents combats, a-t-il déclaré lors d'une conférence à Prague, où se retrouvent jeudi soir et vendredi les ministres des Affaires étrangères de l'Otan.

Moscou a lancé une offensive aux abords de Kharkiv, seconde ville ukrainienne, située non loin de la frontière russe.


Le débat sur l'utilisation ou non sur le territoire de la Russie de certaines des armes fournies à Kiev par les Occidentaux, en l'occurrence des missiles à longue portée, agite les capitales des pays de l'Alliance.

Plusieurs pays, dont la France, y sont favorables, mais d'autres, comme les États-Unis, y sont beaucoup plus réticents, redoutant un conflit direct avec Moscou.


Le Kremlin a accusé jeudi l'Otan de
"provoquer"
l'Ukraine pour prolonger
"une guerre insensée"
après un avertissement lancé mardi aux Alliés par le président russe Vladimir Poutine sur de
"graves conséquences"
s'ils devaient donner leur feu vert.

Mardi à Berlin, le président français Emmanuel Macron s'y est de son côté montré favorable. Plus évasif, le chancelier allemand Olaf Scholz n'a pas levé explicitement son veto à un usage en territoire russe des armes que son pays fournit à Kiev.


Missiles à longue portée


Et cela d'autant plus que Berlin se refuse à fournir à l'Ukraine les missiles Taurus à longue portée qu'elle fabrique, pourtant instamment réclamés par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.


Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavsky, hôte de cette réunion qui débute jeudi soir par un dîner de travail a en revanche déclaré jeudi:


La République tchèque n'a aucun problème avec l'Ukraine se défendant contre l'agresseur (russe), y compris par des attaques qui nécessairement doivent se faire sur le sol russe.

Le chef de la diplomatie norvégienne, Espen Barth Eide, s'y est dit également favorable.


"Sinon, nous imposons à l'Ukraine une limite qui rend la victoire plus difficile"
, a-t-il déclaré à Prague.

La France compte évoquer ce sujet lors de cette réunion, dans l'espoir de faire changer d'avis les pays les plus réticents qui sont, outre l'Allemagne, l'Italie et les États-Unis.

"Les idées du président Macron vont aider les Alliés"
qui jugent que ces restrictions doivent disparaître, a estimé un diplomate de l'Otan.

Mais Washington maintient pour le moment ses réticences. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a toutefois semblé ouvrir la porte à une évolution de la position de son pays.


Les alliés de l'Ukraine vont
"adapter"
leur aide pour lui garantir le
"succès",
a-t-il déclaré mercredi en Moldavie.

Les discussions devraient également se concentrer sur la nécessité, chaque jour plus urgente, de fournir à l'Ukraine les batteries de défense anti-aérienne et les munitions que les forces ukrainiennes, en difficultés sur le champ de bataille, réclament avec insistance.

Systèmes Patriot


"Aujourd'hui, nous avons 25% de ce dont on a besoin pour défendre l'Ukraine, je parle de systèmes de défense aérienne"
en particulier les systèmes américains Patriot, a rappelé le 18 mai M. Zelensky dans un entretien avec l'AFP.

Sa demande pour recevoir au moins sept de ces batteries n'a débouché pour l'instant que sur l'envoi d'un seul exemplaire, par l'Allemagne.


Les ministres vont aussi préparer le sommet de l'Otan prévu à Washington en juillet et discuter d'une enveloppe de 100 milliards d'euros pour aider l'Ukraine sur le long terme. Mais plusieurs pays alliés s'interrogent sur le contenu de cette proposition lancée par M. Stoltenberg. 

"Tout le monde comprend la nécessité d'annoncer quelque chose de conséquent, mais on ne veut pas non plus que ce soit seulement du vent"
, a résumé un diplomate à l'Otan.

Les Alliés semblent en revanche plus unis sur un passage de flambeau entre les États-Unis et l'Otan en ce qui concerne la coordination de l'aide militaire à l'Ukraine.


Ce transfert vers l'Otan est censé garantir la continuité de cette aide militaire dans le cas d'un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Plusieurs pays de l'Otan redoutent en effet qu'il cherche à y mettre un terme, s'il devait être élu en novembre.

Jeudi à Prague, M. Stoltenberg a confirmé qu'à Washington, l'Otan chercherait
"à renforcer"
son soutien à l'Ukraine, en reprenant la main sur la coordination et grâce à un
"engagement financier pluri-annuel"
qu'il n'a toutefois pas chiffré.

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