Soudan du Sud: un journaliste américain tué "involontairement" en 2017, selon les autorités

18:0921/03/2024, Perşembe
AFP
Le journaliste américain tué en 2019 au Soudan du Sud, Christopher Allen.
Crédit Photo : Média X / Archive
Le journaliste américain tué en 2019 au Soudan du Sud, Christopher Allen.

Le journaliste américano-britannique Christopher Allen, décédé en 2017 alors qu'il couvrait la guerre civile au Soudan du Sud, a été "tué involontairement à la suite de tirs croisés", a conclu jeudi une commission d'enquête gouvernementale sud-soudanaise, sans désigner de responsables.

Ce journaliste et photographe indépendant de 26 ans est décédé après avoir reçu fin août 2017 une balle dans la tête lors de combats entre l'armée sud-soudanaise loyale au président Salva Kiir et les forces rebelles de son rival Riek Machar, qu'il accompagnait, dans la ville de Kaya, dans l'extrême sud du pays.


Après la mort de Christopher Allen, le gouvernement avait rejeté les accusations selon lesquelles le journaliste avait été délibérément pris pour cible par l'armée.

Après des années de pression internationale, notamment de la part des États-Unis et de la Grande-Bretagne ainsi que de la famille du journaliste, le gouvernement de Salva Kiir avait annoncé en octobre dernier l'ouverture d'une enquête.


Le responsable de cette commission d'enquête gouvernementale, David Charles Ali Bilal, a déclaré jeudi lors d'une conférence de presse présentant les résultats des investigations que
"Christopher Allen a été tué involontairement à la suite de tirs croisés".

Il a souligné que les affrontements s'étaient déroulés vers 05h30 du matin (03h30 GMT), heure à laquelle il est très difficile de voir
"qui est noir et (qui est) blanc".

Le journaliste
"était entré illégalement au Soudan du Sud"
, a-t-il ajouté, affirmant qu'il
"ne portait aucun vêtement de protection ou d'identification de presse".

Cette enquête confirme la thèse des autorités sud-soudanaises à l'époque.


Le ministre de l'Information Michael Makuei avait assuré que Christopher Allen
"n'était pas ciblé"
et avait décrit le journaliste comme un
"rebelle blanc"
entré illégalement dans le pays.

L'ONG Reporters sans frontières (RSF) avait appelé en août les États-Unis à mener leur propre enquête devant
"l'échec de Juba à désigner une quelconque responsabilité".

"Les informations disponibles révèlent que le ciblage délibéré du journaliste et le traitement réservé à son corps après son décès, dont des clichés l'exhibant comme un trophée, relèvent de crimes de guerre",
selon RSF.

Le Soudan du Sud est classé au 118e rang sur le classement sur la liberté de la presse de RSF, avec au moins neuf journalistes tués depuis 2014.


Le Soudan du Sud, qui a acquis son indépendance en 2011 avec le soutien essentiel de Washington, son principal soutien financier, a sombré dans la guerre civile deux ans plus tard.

Un accord de paix a été signé en 2018 et le pays peine à se remettre de ces violences qui ont fait près de 400 000 morts en cinq ans et des millions de déplacés.


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