Le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio. Crédit photo: HANNAH MCKAY / PISCINE / AFP
La mission d'observation électorale de l'Union européenne en Sierra Leone a pointé mardi des incohérences statistiques et des faits d'intimidation et de violence politique lors des élections de juin, recommandant dans son rapport final des mesures pour plus de transparence et de liberté d'expression.
"La confiance des électeurs dans la crédibilité des élections a été minée par un manque de transparence lors des étapes décisives du processus"
, a indiqué la mission dans son rapport, présenté mardi au président Julius Maada Bio.
"La mise sous forme de tableaux et l'annonce des résultats ont été les aspects critiques concernant la crédibilité des élections. Le processus dans son ensemble a été opaque, une observation significative a été entravée et la déclaration des vainqueurs n'a pas été suivie d'une publication des résultats détaillés par bureau de vote"
, énumère le rapport.
Julius Maada Bio, un ancien militaire de 59 ans, a été réélu dès le premier tour de la présidentielle du 24 juin pour un deuxième mandat à la tête de la Sierra Leone avec 56,17% des voix, une victoire contestée par son principal adversaire Samura Kamara.
Les Sierra-Léonais avaient aussi voté pour élire leur Parlement et les conseils locaux.
Le Parti du Congrès de tout le peuple (APC, opposition) a par la suite décidé
"sa non-participation à tout niveau de gouvernance, y compris le pouvoir législatif et les conseils locaux"
, jugeant les résultats des élections présidentielle, législatives et locales
au profit du président Bio et de son parti.
Le rapport cite aussi des faits de violence politique dans les semaines précédant les élections, dont 17 attaques violentes. Il dénonce:
L'activisme politique a aussi été découragé par un usage de la force ostentatoire et disproportionné de la part des agences de sécurité avant, pendant et après le jour du vote.
Il fait aussi état d'intimidation publique
"par des acteurs étatiques et non-étatiques"
à l'égard d'un groupe d'observateurs citoyens qui avaient publié des résultats du vote parallèlement à la commission électorale, et dont les chiffres divergeaient.
Ces faits d'intimidation,
"ponctués d'une campagne de désinformation, visaient à faire taire les voix dissidentes et ont assombri les perspectives d'un activisme authentique, non-partisan et civique"
.
Les observateurs internationaux avaient déjà noté à l'issue du scrutin
"des incohérences statistiques"
entre les résultats partiels et les résultats définitifs et dénoncé
"le manque de transparence"
dans le processus de dépouillement.
Le président Bio avait par la suite admis des
lors de ces élections. Et il avait annoncé la création d'un comité comprenant des membres du gouvernement, de la société civile et des agences de développement pour examiner la gestion du processus électoral et formuler des recommandations.
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