Les Sénégalais savent à présent qu'ils éliront leur président fin mars et entrevoient une sortie de la crise provoquée par le report de l'élection. Mais ils doivent encore s'entendre sur une date exacte à l'heure d'entrer précipitamment en campagne.
Après un mois d'un flottement qui a alarmé l'opinion nationale et une partie de la communauté internationale, les Sénégalais s'engagent à nouveau sur la voie de la présidentielle peut-être la plus ouverte de leur histoire contemporaine. Avec quelques développements potentiellement lourds de conséquences, comme l'adoption entre-temps d'une loi d'amnistie dont pourrait profiter le candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye.
Ils n'ont pas entièrement dissipé la nébulosité, la présidence annonçant le premier tour pour le 24 mars, le Conseil constitutionnel le fixant au 31 mars.
"Victoire du peuple"
Il a noté que le 31 mars coïncidait avec la fête de Pâques. Le Sénégal compte une communauté chrétienne significative. Ce mois de mars coïncide aussi avec le mois de jeûne musulman.
Le Conseil a aussi fait barrage à un réexamen de la liste des 19 candidats qu'il avait validée dès janvier, à un désistement près survenu depuis.
Le président Sall a justifié le report par la crainte de nouveaux troubles, après ceux connus en 2021 et 2023, en cas d'élection contestée.
Wade, Sonko hors-jeu
Des manifestations ont fait quatre morts. Le Conseil constitutionnel, depuis février, s'est opposé frontalement au président.
M. Sonko est détenu depuis 2023. Donné comme l'un des favoris de la présidentielle, il en a été disqualifié par le Conseil constitutionnel en janvier 2024.
Son second et suppléant désigné, Bassirou Diomaye Faye, bien qu'emprisonné lui aussi, se retrouve, lui, confirmé dans la course. Il paraît éligible à une libération après l'adoption par l'Assemblée d'une loi amnistiant les actes commis en lien avec les manifestations politiques depuis 2021.
Les députés du Pastef, le parti dissous de M. Sonko et Faye, ont voté contre la loi d'amnistie. Mais le Pastef réclame que M. Faye, ainsi que tous ses membres, sortent de prison pour faire campagne. Rien ne permet de dire si et quand M. Faye, voire M. Sonko, pourraient être relâchés, ni quand la loi serait promulguée.
La date d'un deuxième tour, probable en l'état actuel des candidatures, n'a pas été communiquée.