RDC: à Lubero, sous la menace du M23, la peur et la défiance

14:4620/12/2024, Cuma
AFP
Les déplacés affluent dans la ville de Lubero, alors que les soldats des Forces armées de la RDC (FARDC) tentent de contenir l'offensive des rebelles du M23, qui se sont emparés de plusieurs villes ces derniers jours.
Crédit Photo : PHILÉMON BARBIER / AFP
Les déplacés affluent dans la ville de Lubero, alors que les soldats des Forces armées de la RDC (FARDC) tentent de contenir l'offensive des rebelles du M23, qui se sont emparés de plusieurs villes ces derniers jours.

Un calme pesant enveloppe Lubero, une cité de 100 000 habitants nichée dans les collines boisées du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). La menace imminente d’une offensive des rebelles du M23, désormais à seulement 50 kilomètres, plonge la population dans une inquiétude croissante.

Une menace grandissante


"Les gens ont déjà fait leurs valises"
, confie Crispin Hinga, bourgmestre de Lubero. Dans les rues boueuses, des militaires des forces armées congolaises (FARDC), repoussés lors des derniers affrontements, patrouillent sous une pluie battante.

Depuis novembre 2021, le M23, soutenu par le Rwanda selon Kinshasa, a étendu son emprise sur de vastes territoires dans l'est de la RDC, une région déchirée par des conflits depuis trois décennies et riche en ressources naturelles. La dernière avancée rebelle coïncide avec l'échec d'un sommet de paix prévu à Luanda entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, annulé faute d'accord.

Exode et accusations de pillages


Au moins 100 000 personnes ont fui les combats depuis le 2 décembre, selon l'ONU. Tandis que certains trouvent refuge chez des proches, d'autres poursuivent leur exode vers le nord.

Des témoignages accablants font état de pillages perpétrés par les forces gouvernementales lors de leur retraite.
"Toutes les maisons de notre village ont été vidées"
, rapporte Jeanne Masika, déplacée à Lubero. La peur du M23 se mêle à celle des militaires congolais, accusés de manquer de discipline.

Dans cette atmosphère tendue, les habitants dénoncent également l’incompétence de certains chefs militaires.
"Ils envoient nos soldats au front sans soutien logistique"
, accuse un responsable local.

Climat de défiance et infiltration


La défiance s’accroît face à des soupçons de trahison au sein des FARDC et des milices pro-Kinshasa. Assa Paluku Mahamba, représentant d’une coalition de milices locales, affirme:


Il y a des traîtres dans notre armée.

Dans le même temps, le M23 est accusé de répandre des fausses informations pour semer la confusion. Des habitants de Lubero affirment que des informateurs rebelles ont infiltré la ville, alimentant un climat de suspicion généralisée.

Les défenseurs des droits humains et membres de la société civile, cibles de menaces croissantes, redoutent l’arrivée imminente des rebelles.
"S’ils arrivent ici, je serai forcé de partir"
, confie un représentant d’association.

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