Crédit Photo : Andres LARROVERE / AFP
Les rugbymen français Hugo Auradou et Oscar Jegou quittent la maison où ils ont été assignés à résidence à Mendoza, en Argentine, le 12 août 2024.
La femme qui accuse de viol les rugbymen Oscar Jegou et Hugo Auradou lors d'une tournée du XV de France en Argentine cet été ira au bout des recours judiciaires contre l'abandon des poursuites, affirme son avocate.
La justice argentine a rendu, le 10 décembre, un non-lieu en faveur des deux internationaux français de 21 ans accusés de viol aggravé, car commis en réunion, par une femme au cours d'une soirée alcoolisée à Mendoza (nord-ouest) dans la nuit du 6 au 7 juillet, après un match du XV de France contre l'Argentine.
L'avocate de la plaignante, Me Natacha Romano, avait immédiatement annoncé son intention de faire appel de cette décision, rendue par une juge du pôle judiciaire de Mendoza où l'affaire a été instruite.
Selon Me Romano, la justice a autorisé le dépôt de l'appel, qui interviendra dans les prochains jours.
"La consigne est d'épuiser toutes les instances"
d'appel jusqu'aux plus hautes juridictions.
Les prochaines étapes sont la Cour de cassation de Mendoza, puis la Cour suprême de Mendoza et enfin la Cour suprême nationale. L'avocate se dit prête à saisir, en dernier ressort, la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) basée au Costa Rica.
La plaignante, âgée de 39 ans, affirme avoir été agressée, après une rencontre en boîte de nuit, dans l'hôtel où séjournaient des membres de l'équipe de France de rugby.
La juge ayant prononcé le non-lieu a estimé que
"l'acte enquêté ne constitu[ait] pas un délit",
concluant qu'il n'y avait pas eu de viol.
Pour Me Romano, toutes les preuves
"devraient être pleinement évaluées". "Nous avons des preuves en attente de production, qui avaient même été ordonnées, et, de manière surprenante, le procureur n'a pas voulu les produire"
, ajoute l'avocate.
Elle fait notamment référence à l'origine des ecchymoses présentées par la plaignante et confirmées par les tribunaux.
Alors que la défense des joueurs a soutenu que la plaignante souffrait d'une maladie hématologique la rendant sujette aux ecchymoses, celle-ci nie cette explication et attribue ces marques à des coups portés par ses agresseurs présumés.
"La preuve fondamentale a été le témoignage de l'hématologue, qui a signé le rapport (...) où il affirme exclure que notre cliente souffre d'une quelconque maladie justifiant ces blessures atroces, au nombre de quinze"
, soutient Me Romano.
Elle déplore que ce rapport ait été rejeté par le magistrat instructeur puis par la juge ayant prononcé le non-lieu.
Autre point motivant l'appel: le refus d'une inspection oculaire de la pièce où les événements présumés ont eu lieu, ainsi que des tests sonores.
"Il y a eu des contradictions répétées entre les témoins présentés par la défense, pour pouvoir déterminer si les appels à l'aide de notre cliente avaient été entendus"
, explique l'avocate.
Concernant la possibilité pour les joueurs de porter plainte au civil contre leur accusatrice pour diffamation, Me Romano estime que
"ce sont eux les diffamateurs"
, rappelant que le nom et le prénom de la femme ont été rendus publics.
Sa cliente a, au contraire,
"pris la décision de dénoncer les faits devant la justice et non devant les caméras".
Cette menace de diffamation
"n'est rien d'autre qu'une pression psychologique pour dissuader la plaignante de faire appel, mais cela n'arrivera pas".
Auradou et Jegou, défendus par l'avocat Rafael Cúneo Libarona, frère de l'actuel ministre argentin de la Justice, Mariano Cúneo Libarona, ont toujours affirmé que le rapport sexuel était consenti.
Ils avaient été placés en détention provisoire, puis assignés à résidence à Mendoza jusqu'à leur libération mi-août. Ils ont été autorisés à rentrer en France début septembre. Depuis, ils ont rejoué avec leurs clubs respectifs, Pau et La Rochelle.
#Affaire Jegou Auradou
#rugby
#viol
#justice argentine
#non-lieu
#appel judiciaire
#Me Natacha Romano
#Mendoza