Conflit avec le M23: des sociétés militaires françaises impliquées en RDC

16:2129/11/2024, vendredi
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Des soldats du M23 quittent le camp de Rumangabo, dans l'est de la République démocratique du Congo, le 6 janvier 2023.
Crédit Photo : Guerchom Ndebo / AFP (Archive)
Des soldats du M23 quittent le camp de Rumangabo, dans l'est de la République démocratique du Congo, le 6 janvier 2023.

Le conflit entre l'armée congolaise et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) mobilise des sociétés militaires privées françaises, selon une enquête.

Ces entreprises, présentes à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), interviennent dans des domaines tels que la formation des troupes, le renseignement, et même des opérations tactiques, dans un contexte de guerre prolongée.


Parmi les principaux acteurs identifiés figurent Agemira et Congo Protection. Agemira, dirigée par Olivier Bazin, un ancien militaire français, assure officiellement des missions de maintenance d'équipements aéronautiques. Cependant, selon Libération, elle serait également impliquée dans des missions sensibles, telles que la supervision de frappes d'artillerie contre les positions du M23. De son côté, Congo Protection, sous la direction de Horatiu Potra, un Franco-Roumain, a déployé près de 1.000
"instructeurs"
européens pour former les forces congolaises et sécuriser des sites stratégiques.

Ces interventions se déroulent dans une zone où la situation est particulièrement complexe. Le M23, qui bénéficie d’un soutien présumé du Rwanda, continue de menacer des villes clés comme Goma.
"Nous travaillons avec plusieurs partenaires"
, a déclaré le général Sylvain Ekenge, porte-parole de l'armée congolaise, pour justifier ces collaborations dans un contexte de guerre intense.

Cependant, le rôle de ces sociétés s'inscrit dans une zone grise. Bien que Kinshasa présente ces intervenants comme des
"coachs"
, leurs activités dépassent parfois la simple formation militaire, selon l’enquête.

Des experts de l'ONU, cités par Libération, affirment que des entreprises comme Agemira et Congo Protection participent à la collecte de renseignements, à la planification d'opérations et au soutien logistique, brouillant ainsi la frontière entre assistance technique et participation active au combat.

Controverses et accusations


Ces activités suscitent des critiques croissantes. Un rapport de l'ONU a révélé des interactions entre ces forces privées et des groupes armés locaux accusés de crimes de guerre. Bien que les dirigeants d'Agemira et Congo Protection aient démenti tout lien avec ces groupes, leur présence alimente les tensions dans une région déjà instable.


Contactés par la presse, des responsables congolais ont refusé de commenter les révélations de Libération.


Contexte du conflit


Le Mouvement du 23 mars (M23) est une rébellion armée active dans l'est de la RDC, principalement dans la région du Nord-Kivu. Créé en 2012 par d'anciens membres de l'armée congolaise, le groupe justifie initialement son insurrection par le non-respect, par Kinshasa, d'un accord de paix signé en 2009.

Le M23 est souvent perçu comme un outil des intérêts régionaux, bénéficiant d'un soutien militaire et logistique présumé du Rwanda et, dans une moindre mesure, de l'Ouganda. Ces pays ont toujours démenti ces accusations.


Le conflit, alimenté par des rivalités géopolitiques, des tensions ethniques, et la lutte pour le contrôle des ressources naturelles, notamment les minerais stratégiques, a engendré des déplacements massifs de populations et fragilisé davantage une région déjà marquée par des décennies de violences armées.


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