Crédit Photo : OLYMPIA DE MAISMONT / AFP
Des partisans de l'opposition détruisent un panneau d'affichage représentant le président sortant des Comores et président de la Convention pour le renouveau des Comores (CRC), Azali Assoumani, lors d'une manifestation à Moroni, le 17 janvier 2024.
"Difficile de mobiliser": l'appel de l'opposition comorienne à manifester vendredi contre la réélection contestée du président Azali Assoumani est resté lettre morte, après des violences qui ont fait un mort ces derniers jours.
Sur le plan diplomatique, les Etats-Unis ont appelé l'archipel de l'océan Indien à "clarifier" les résultats de la présidentielle, dont l'annonce mardi a entraîné deux jours de heurts entre des bandes de jeunes et la police, de pillages et d'incendies.
Azali Assoumani a été réélu au premier tour avec 62,97% des voix mais seulement 16,30% de participation, selon les chiffres officiels annoncés mardi soir par la Commission électorale (Céni). Cette victoire doit lui permettre de rempiler pour un troisième mandat consécutif et rester au pouvoir jusqu'en 2029.
L'opposition, qui réclame l'annulation du scrutin, a dénoncé des
et des
A Moroni, les hommes sont sortis vendredi dans le calme de la plus grande mosquée de la capitale avant de rentrer chez eux, généralement pour un repas en famille.
La veille, les cinq candidats de l'opposition à la présidentielle avaient pourtant appelé "l'ensemble de la population de nos villes et villages" à manifester après la prière.
Quelques hommes échangent leurs vues sous un badamier:
"le gouvernement empêche toute communication et avec la coupure d'internet, difficile de mobiliser"
, lâche Bilali Soidiki, coiffé d'un turban et portant un gilet par dessus son boubou. La connexion internet est largement perturbée depuis mercredi.
La plupart des commerces ont gardé leur rideau baissé vendredi. Et les forces de l'ordre étaient déployées en nombre.
Mercredi et jeudi à Moroni, des heurts ont opposé des bandes de jeunes aux forces de l'ordre, les premières jetant des pierres sur les secondes qui ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogène. Des bâtiments ont été vandalisés et incendiés, un entrepôt de riz pillé et des routes barrées par des amas de pierres et de bouts de bois.
Une personne a été tuée et six autres blessées, selon le chef des urgences de l'hôpital de Moroni.
Un couvre-feu nocturne a été instauré depuis mercredi et jusqu'à une date indéterminée. Plusieurs arrestations ont eu lieu mais aucun chiffre n'a été communiqué.
"Je me suis pris une grenade lacrymogène"
, raconte Kassim Omar Abdou, la vingtaine.
J'ai manifesté parce qu'Azali nous prend en otage depuis plusieurs années.
Les Etats-Unis ont appelé vendredi la Céni et les autorités comoriennes
"à assurer une totale transparence et à clarifier les résultats annoncés".
Relevant
"quelques irrégularités enregistrées"
, l'ambassade américaine aux Comores a souligné dans un communiqué que les résultats ont
"soulevé des préoccupations sérieuses qui doivent être abordées pour maintenir la paix et le bien-être de la nation".
Un des points d'achoppement est la différence inattendue dans les chiffres de la participation aux deux scrutins simultanés: selon le décompte officiel, 189.497 Comoriens se sont exprimés pour l'élection des gouverneurs, mais seulement 55.258 ont voté pour choisir leur président.
"Une disparité qui n'était pas apparente aux yeux des observateurs nationaux et internationaux"
, souligne l'ambassade américaine.
L'ONU et l'UE ont appelé
et
"à poursuivre le processus de manière pacifique".
La France a de son côté exprimé vendredi sa
"préoccupation face aux tensions et aux violences de ces derniers jours"
, et appelé
"tous les acteurs comoriens à la retenue et au dialogue"
, dans une déclaration du ministère des Affaires étrangères.
Les résultats du scrutin doivent encore être validés dans les jours qui viennent par la Cour suprême, plus haute juridiction de l'archipel de 870.000 habitants, dont 45% vivent sous le seuil de pauvreté.
Arrivé à la tête du pays en 1999 par un coup d'Etat, le colonel Azali est revenu au pouvoir en 2016. Il est l'actuel président en exercice de l'Union africaine, jusqu'au prochain sommet de l'organisation panafricaine prévu mi-février.
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