Crédit Photo : OLYMPIA DE MAISMONT / AFP
Des policiers et des soldats comoriens patrouillent après une manifestation de l'opposition à Moroni, le 17 janvier 2024, suite à l'annonce des élections présidentielles.
"Difficile de mobiliser": l'appel de l'opposition comorienne à manifester vendredi contre la réélection contestée du président Azali Assoumani est resté lettre morte, ont constaté des journalistes de l'AFP, après des heurts qui ont fait un mort ces derniers jours.
A Moroni, capitale de cet archipel de l'océan Indien, les hommes sont tranquillement sortis de la plus grande mosquée de la capitale avant de rentrer chez eux.
La veille, les cinq candidats de l'opposition à la présidentielle avaient pourtant appelé
"l'ensemble de la population de nos villes et villages"
à manifester après la prière.
Quelques hommes échangent leurs vues sous un badamier:
"Le gouvernement empêche toute communication et avec la coupure d'internet, difficile de mobiliser"
, lâche Bilali Soidiki, coiffé d'un turban et un gilet au-dessus de son boubou.
La connexion internet est largement perturbée depuis mercredi.
La plupart des commerces ont gardé leur rideau baissé vendredi. Et les forces de l'ordre sont déployées en nombre.
La capitale comorienne a été mercredi et jeudi en proie à des heurts entre des jeunes lançant des pierres et forces de l'ordre répliquant avec des tirs de gaz lacrymogène. Des bâtiments ont été vandalisés et incendiés, un entrepôt de riz pillé et des routes barrées par des amas de pierres et de bouts de bois.
Une personne a été tuée par bale de l'armée et six blessées, selon le chef du service des urgences de l'hôpital de Moroni.
Un couvre-feu nocturne a été instauré depuis mercredi et jusqu'à une date indéterminée. Plusieurs arrestations ont eu lieu mais aucun chiffre n'a été communiqué.
"Je me suis pris une grenade lacrymogène"
, raconte Kassim Omar Abdou, la vingtaine, ajoutant:
J'ai manifesté parce qu'Azali nous prend en otage depuis plusieurs années.
Azali Assoumani a été réélu dimanche au premier tour avec 62,97% des voix mais seulement 16,30% de participation, selon les chiffres officiels annoncés mardi soir. Cette victoire doit lui permettre de rempiler pour un troisième mandat consécutif et rester au pouvoir jusqu'en 2029.
L'opposition, qui réclame l'annulation du scrutin, a dénoncé des
et des
.
L'ONU et l'UE ont appelé
et
"à poursuivre le processus de manière pacifique"
.
Les résultats du scrutin doivent encore être validés dans les jours qui viennent par la Cour suprême, plus haute juridiction de l'archipel de 870.000 habitants, dont 45% vivent sous le seuil de pauvreté.
Arrivé à la tête du pays en 1999 par un coup d'Etat, le colonel Azali est revenu au pouvoir en 2016. Il est l'actuel président en exercice de l'Union africaine, jusqu'au prochain sommet de l'organisation panafricaine prévu mi-février.
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