Le président sortant du Liberia, George Weah, a concédé vendredi soir sa défaite à l'élection présidentielle de mardi face à l'opposant Joseph Boakai, un scrutin dont l'issue démocratique rompt avec les coups d'Etat survenus ces derniers mois dans la région.
M. Boakai bénéficiait d'un peu plus de 28.000 voix d'avance après que quelque 1,6 million de bulletins ont été dépouillés. Environ 2,4 millions de Libériens étaient appelés aux urnes mardi et la participation a dépassé les 65% selon les chiffres publiés sur le site de la commission électorale.
Au-delà du choix de la personne appelée à diriger ce pays en quête de stabilité après les années de guerre civile et d'épidémie d'Ebola, l'un des enjeux de l'élection était le déroulement pacifique et régulier de l'élection et l'acceptation des résultats, alors que la démocratie est malmenée par une succession de coups d'Etat en Afrique de l'Ouest.
Le scrutin était organisé 20 ans après la fin des guerres civiles au Liberia, qui ont fait plus de 250.000 morts entre 1989 et 2003 et dont le souvenir reste vivace dans ce pays ouest-africain.
Des dizaines de partisans de M. Boakai ont célébré sa victoire vendredi, en dansant devant l'un des bureaux de son parti dans le quartier de Fiama à Monrovia, a constaté une correspondante de l'AFP.
Vieux routier
Vainqueur, M. Boakai prendra pour six ans la tête de ce pays anglophone d'environ cinq millions d'habitants, l'un des plus pauvres du monde.
Ce vieux routier fut de 2006 à 2018 le vice-président d'Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue cheffe d'Etat en Afrique. Il a occupé une multitude de postes au sein de l'Etat ou du secteur privé.
M. Boakai prend sa revanche contre celui qui l'avait largement battu au second tour en 2017 avec plus de 61% des voix, mais auquel ses détracteurs reprochent de ne pas avoir tenu ses promesses de combattre la pauvreté et la corruption.
Cette élection était la première organisée sans la présence de la mission des Nations unies au Liberia créée en 2003 (et partie en 2018) pour garantir la paix après les guerres civiles.
Des affrontements pendant la campagne ont fait plusieurs morts. Des incidents ont été rapportés entre les deux tours, faisant craindre les lendemains de l'élection, surtout en cas d'issue serrée.
De nombreux observateurs étrangers et libériens ont suivi l'élection. Les missions de l'Union européenne et de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest ont salué le déroulement globalement pacifique du second tour.
Les habitants du Liberia méritent des élections libres, transparentes et pacifiques.
M. Boakai a promis de développer les infrastructures, d'attirer les investisseurs et les touristes, et d'améliorer les conditions de vie des plus pauvres dans un pays où plus d'un cinquième de la population vit avec moins de 2,15 dollars par jour, selon la Banque mondiale.
Il a noué des alliances avec des barons locaux, dont l'ancien chef de guerre et sénateur Prince Johnson, qui avait soutenu M. Weah il y a six ans.