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Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu et le président des États-Unis, Joe Biden.
Israël entendra-t-il l'avertissement à ne pas lancer d'offensive terrestre majeure à Rafah? La réponse reste en suspens mais près de six mois après le début de la guerre à Gaza, Washington prend ses distances avec l'un de ses plus proches partenaires.
Les États-Unis se sont abstenus lundi au Conseil de sécurité de l'ONU, permettant pour la première fois l'adoption d'une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.
Colère du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, qui a aussitôt annulé la venue d'une délégation israélienne à Washington censée justement répondre aux
américaines concernant une offensive à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza, territoire ravagé par les attaques israéliennes.
Un haut responsable américain a cependant indiqué mercredi que les services du Premier ministre israélien
"ont fait savoir qu'ils aimeraient trouver une nouvelle date"
pour organiser cette réunion.
Les États-Unis disent s'opposer à un assaut terrestre sur Rafah, où une grande partie de la population de Gaza a été déplacée de force après avoir fui les bombardements de l'armée d'occupation israélienne, dans le nord.
Se disant embarrassés par les plus de 32.000 morts à Gaza, les États-Unis insistent sur le risque de pertes civiles et un isolement accru d'Israël, prônant des
Le porte-parole du département d'État, Matthew Miller a déclaré:
Le type de mission que nous pourrions soutenir est une campagne limitée beaucoup plus ciblée à même d'atteindre les mêmes objectifs mais sans causer de dommages massifs à la population civile.
Reste que Netanyahu a prévenu qu'il lancerait une opération à Rafah avec ou sans le soutien politique des États-Unis, au moment où le secrétaire d'État américain Antony Blinken se trouvait à Tel Aviv.
Pour Stephen Wertheim, chercheur au Carnegie Endowment for International Peace, les États-Unis
"s'efforcent de limiter les dégâts d'une telle opération"
à Rafah, déjà intensément bombardée depuis plusieurs jours.
Les États-Unis ont affiché un soutien sans faille à Israël depuis le début de l'attaque transfrontalière menée par le groupe de résistance palestinien Hamas, le 7 octobre et continuent de lui fournir les armes.
Mais face à l'ampleur des victimes civiles et la situation humanitaire dramatique, ils ont dit augmenter leur pression sur Israël, le sommant en particulier de permettre l'acheminement de davantage d'aide humanitaire.
Les États-Unis ont aussi imposé récemment des sanctions contre quelques colons accusés de violences en Palestine occupée.
Michael Singh, du Washington Institute, un centre de recherche dans la capitale souligne:
L'administration Biden cherche de plus en plus à prendre ses distances avec Israël et surtout avec Netanyahu.
Mais le président Joe Biden a clairement fait savoir qu'il n'utiliserait pas son principal moyen de pression: l'aide militaire à Israël.
Une résolution
"envoie un signal, mais elle n'a aucun impact tangible sur la capacité d'Israël à poursuivre le conflit",
souligne M. Singh, tandis que les restrictions en matière d'armement
"auraient un coût beaucoup plus élevé"
sur les plans stratégique et politique.
Le ver est dans le fruit depuis le début de la guerre, alors que tout oppose l'administration démocrate de Joe Biden et la coalition formée par Netanyahu, qualifiée par le président américain de
"gouvernement le plus à droite"
dans l'histoire d'Israël.
Au-delà de la conduite de la guerre, les États-Unis et Israël divergent aussi fondamentalement sur l'après-conflit et le dégagement d'une voie vers la création d'un État palestinien, auquel Netanyahu est farouchement opposé.
Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, fervent partisan d'Israël et proche de Joe Biden, a lancé un pavé dans la mare en critiquant personnellement Netanyahu et en exhortant à la tenue d'élections, un
selon le président américain.
Des responsables américains ont vite assuré qu'il ne parlait pas au nom du gouvernement. Mais d'aucuns s'interrogent pour savoir s'il n'a pas dit tout haut ce que beaucoup au sein de l'administration Biden pensent tout bas.
À quelques mois de la présidentielle de novembre, M. Biden est confronté à une pression politique de plus en plus grande émanant de la population musulmane et arabe américaine ainsi que des jeunes électeurs et l'aile gauche de son parti.
Selon un sondage Gallup publié mercredi, seuls 36% des Américains approuvent les actions d'Israël, contre 50% en novembre.
James Ryan, directeur exécutif du Middle East Research and Information Project, dit s'attendre à ce que
"les critiques se durcissent"
mais pas à
des États-Unis vis-à-vis d'Israël.
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