Plus de 33 millions de Nigérians auront faim l'an prochain, selon un rapport

16:439/11/2024, Cumartesi
MAJ: 9/11/2024, Cumartesi
AFP
Des mères font la queue pour être soignées avec des enfants souffrant de malnutrition dans une clinique mise en place par les autorités sanitaires en collaboration avec Médecins Sans Frontières (MSF) dans l'État de Katsina, au nord-ouest du Nigeria, le 20 juillet 2022. Les zones rurales du nord-ouest du Nigeria ont été ravagées par des bandes de bandits qui attaquent les villages, pillent le bétail et enlèvent des personnes pour les rançonner dans des camps situés au cœur des forêts qui recouvrent de vastes étendues de la région.
Crédit Photo : PIUS UTOMI EKPEI / AFP
Des mères font la queue pour être soignées avec des enfants souffrant de malnutrition dans une clinique mise en place par les autorités sanitaires en collaboration avec Médecins Sans Frontières (MSF) dans l'État de Katsina, au nord-ouest du Nigeria, le 20 juillet 2022. Les zones rurales du nord-ouest du Nigeria ont été ravagées par des bandes de bandits qui attaquent les villages, pillent le bétail et enlèvent des personnes pour les rançonner dans des camps situés au cœur des forêts qui recouvrent de vastes étendues de la région.

Plus de 33 millions de Nigérians auront faim l'an prochain, un chiffre en nette hausse alors que les prix de l'alimentation s'envolent et exacerbent l'effet de la guerre et du changement climatique, selon un rapport diffusé vendredi.

Le rapport "Cadre harmonisé", rédigé par des fonctionnaires nigérians, des agences des Nations unies et de grandes ONG humanitaires, fait le point deux fois par an sur la situation nutritionnelle dans 26 Etats en crise du nord et du centre du Nigeria.


Selon les chiffres les plus récentes, 25,1 millions de Nigérians subissent déjà une
"insécurité alimentaire aiguë",
même au pic de la saison des récoltes cette année, après des inondations et l'envolée des prix.

Ce chiffre devrait passer à 33,1 millions l'an prochain, le naira (la monnaie nigériane) en cours d'effondrement faisant encore grimper les prix des importations d'aliments et la fin des subventions aux carburants rendant chère leur livraison et leur distribution.


"Environ 5,4 millions d'enfants et près de 800.000 femmes enceintes ou allaitantes sont menacés de malnutrition sévère ou de dégénérescence dans six des Etats les plus affectés",
souligne un communiqué du Programme alimentaire mondial (PAM).

Parmi eux, c'est alarmant, environ 1,8 million d'enfants pourraient souffrir de malnutrition sévère aigüe et avoir besoin de traitements nutritifs vitaux.

Le nord-est du Nigeria est meurtri depuis 2009 par des insurrections terroristes, et les gangs de bandits et de kidnappeurs opèrent dans tout le nord du pays. Parallèlement, le changement climatique et la déforestation ont rendu la région plus aride.


Les violences et la désertification ont également entraîné des rivalités parfois violentes entre communautés agricoles et bergers nomades.


Ces défis au long terme existent depuis longtemps, mais l'état de l'économie nigériane a joué un rôle dans la hausse des prix alimentaires.


Le rapport cite la dévaluation continue de la monnaie nigériane face au dollar et la décision l'an dernier du président Bola Tinubu d'abolir une subvention aux carburants vieille de plusieurs décennies.


Un an plus tard, en juin 2024, l'inflation des prix alimentaires sur un an atteignait 40,9%.


Selon le Bureau national des statistiques, le prix des haricots a flambé de 282% entre octobre 2023 et octobre 2024, et celui du riz cultivé localement de 153%.


Puis, le mois dernier, des pluies torrentielles et de graves inondations ont dévasté une portion du centre du Nigeria, dont 1,6 million d'hectares de terres agricoles, selon des estimations de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) des Nations unies.


"Les pertes annuelles combinées en production de maïs, sorgho et riz dans les zones inondées pourraient atteindre 1,1 million de tonnes. Cela permet de nourrir 13 millions de personnes pendant une année",
indique le communiqué.

Le gouvernement Tinubu a répondu aux pénuries alimentaires et à l'inflation en suspendant temporairement les frais de douane sur certaines importations.

Les Nations unies ont exhorté les donateurs étrangers et le gouvernement nigérian à faire plus pour juguler la crise. 


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