"Les Forces de soutien rapide (FSR) ont tout pillé: voitures, camions et tracteurs", se lamente un habitant d'un village de l'État d'al-Jazira sous couvert d'anonymat par crainte de représailles émanant des paramilitaires en pleine percée vers le sud au Soudan en guerre.
Les villageois d'Al-Jazira retiennent leur souffle à chaque fois qu'ils entendent le vrombissement du moteur d'une voiture ou d'une moto tant ils craignent que soient nichés à leur bord les redoutés paramilitaires des FSR.
La guerre sanglante qui oppose depuis huit mois l'armée soudanaise aux paramilitaires des FSR à Khartoum, avaient poussé un demi-million de personnes à trouver refuge plus au sud, dans cet Etat agricole jusqu'à récemment épargné par les violences.
Mais depuis peu, les paramilitaires, qui contrôlent la majorité de la capitale, ont avancé le long de l'autoroute qui relie la capitale à Wad Madani prenant village après village et terrorisant leurs habitants.
Depuis, les paramilitaires continuent leur implacable descente vers le sud.
Marchés pillés et tirs à l'aveuglette
Les FSR du général Mohamed Hamdan Daglo, en revanche, privilégient des troupes mobiles juchées sur des pick-up.
Sur le marché de Hasaheisa, les portes des échoppes sont ouvertes et les marchandises qui n'intéressaient pas les pillards sont répandues au sol, a constaté un journaliste de l'AFP.
Sur un autre marché, celui de Tamboul, à mi-chemin entre Khartoum et Wad Madani, les paramilitaires ont fondu sur le marché en tirant à l'aveuglette, ont rapporté des témoins.
"Chaque pièce fouillée"
Le conflit a fait 12.000 morts d'après l'ONU, un chiffre sûrement très sous-estimé tant des pans entiers du pays sont coupés du monde.
Depuis le début de la guerre, les deux camps rivaux s'accusent mutuellement de s'en prendre aux civils.
Ils n'ont quitté les lieux qu'après avoir fouillé chaque pièce.
Samedi, huit personnes ont été abattues par les FSR dans le village d'Artadhwa car elles se sont opposées aux pillages, ont affirmé des témoins à l'AFP.