Au moins un mort dans une manifestation contre une opération militaire au Pakistan

17:0819/07/2024, vendredi
AFP
Des manifestants courent alors que des coups de feu éclatent lors d'un rassemblement de protestation contre l'opération militaire au Pakistan, à Bannu, à quelque 40 kilomètres de l'Afghanistan, le 19 juillet 2024.
Crédit Photo : Karim ULLAH / AFP
Des manifestants courent alors que des coups de feu éclatent lors d'un rassemblement de protestation contre l'opération militaire au Pakistan, à Bannu, à quelque 40 kilomètres de l'Afghanistan, le 19 juillet 2024.

Des milliers de personnes se sont rassemblées vendredi à Bannu, dans la province montagneuse de Khyber Pakhtunkhwa au Pakistan, pour protester contre une opération militaire prévue par l'armée visant à éliminer des militants le long de la frontière afghane.

Les affrontements ont fait au moins un mort, selon des responsables et des témoins.


Plus de 10.000 manifestants, brandissant des drapeaux blancs et appelant à la paix, se sont réunis à Bannu, un foyer de groupes terroristes. Le ministre provincial de la Santé publique, Pakhtun Yar, a pris la parole pendant la manifestation et a accusé l'armée d'avoir ouvert le feu sur les manifestants.
"Des coups de feu ont été tirés directement sur moi et sur les gens à côté de moi. Ce n'étaient pas seulement des tirs en l'air, c'était pour nous tuer"
, a-t-il déclaré à l'AFP.

Lundi, à Bannu, huit soldats avaient été tués par un kamikaze ayant lancé un véhicule chargé d'explosifs contre un mur d'enceinte. Vendredi, la manifestation a dégénéré en violence lorsque la foule s'est approchée des murs d'une installation militaire, provoquant des tirs de sommation de la part de l'armée.
"Les manifestants ont scandé des slogans contre l'armée et certains ont commencé à jeter des pierres sur le mur de l'installation. Cela a conduit à des tirs en l'air de l'armée, provoquant une bousculade"
, a rapporté un responsable des renseignements de Peshawar.

Jamaluddin Wazir, un manifestant, a exprimé son mécontentement:
"Des opérations militaires sont en cours depuis 20 ans, et la paix n'est toujours pas là. Les opérations militaires ne peuvent jamais remplacer la paix."

Les attaques se sont multipliées au Pakistan depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan en août 2021. Le gouvernement pakistanais avait annoncé plus tôt cette année une nouvelle opération militaire pour combattre les violences dans les zones frontalières avec l'Afghanistan.

Le ministre Pakhtun Yar a dénoncé ceux qui
"veulent détruire notre paix"
et
"faire couler le sang de notre peuple"
, affirmant que la communauté n'est plus disposée à tolérer cela. Les talibans pakistanais, distincts des talibans afghans mais inspirés par la même idéologie, ont mené une campagne sanglante dans la région pendant des années, tuant des milliers de civils avant d'être repoussés par l'armée.

Les opérations militaires ont déplacé des centaines de milliers de personnes et détruit d'innombrables maisons et entreprises, déclenchant une réaction locale appelant à la protection des droits des Pachtounes. Les manifestations contre l'armée pakistanaise sont rares et souvent réprimées rapidement. L'ancien Premier ministre Imran Khan, actuellement en prison, avait mené une campagne de défiance contre les chefs de l'armée après son éviction du pouvoir.

En 2023, plus de 1.500 civils, membres des forces de sécurité et insurgés islamistes ont été tués au Pakistan, selon le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité, basé à Islamabad. Islamabad accuse les talibans au pouvoir à Kaboul de ne pas éliminer les militants se réfugiant en Afghanistan pour préparer des attaques contre le Pakistan. Le gouvernement taliban nie ces accusations, mais les relations entre Islamabad et Kaboul se sont détériorées.


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