Crédit Photo : Phill Magakoe / AFP
Des membres des services de police sud-africains (SAPS) se tiennent près d'une ouverture du puits de mine où des bénévoles et des membres de la communauté reprennent les opérations de sauvetage des mineurs artisanaux opérant sous terre à Stilfontein, le 18 novembre 2024.
"Sous terre, il n'y a plus rien qui permette à un être humain de survivre", témoigne Ayanda Ndabeni, un mineur clandestin rescapé des galeries abandonnées de la mine d’or de Stilfontein, désormais sous haute surveillance policière. Depuis deux semaines, les autorités tentent de forcer les mineurs clandestins à refaire surface.
Après deux mois passés dans les profondeurs de la terre, Ayanda Ndabeni est remonté vendredi à l’aide d’une corde, quittant un puits atteignant un kilomètre et demi de profondeur.
Sur place, le silence est seulement troublé par le bourdonnement des drones policiers, masquant la détresse des centaines d’âmes encore coincées sous le veld de Stilfontein, situé à environ 150 kilomètres au sud-ouest de Johannesburg.
Une Opération Policière Controversée
Pour contraindre ces mineurs illégaux, surnommés
à remonter, la police a bloqué leur ravitaillement en eau et en nourriture depuis deux semaines.
"Nous n’enverrons pas d’aide à des criminels, nous allons les enfumer et ils sortiront",
a déclaré Khumbudzo Ntshavheni, ministre auprès de la présidence.
Ces propos ont suscité l’indignation, notamment parmi l’opposition, dans un pays où les "zama zamas" sont souvent accusés d’alimenter la criminalité.
"Cette opération de la police a tout arrêté. Nous souffrons sous terre. Certains d’entre nous sont morts, d’autres sont dans un état critique",
raconte Ayanda Ndabeni, âgé de 35 ans.
Depuis le début des opérations, une douzaine de mineurs ont réussi à remonter à la surface. Un corps en décomposition a également été récupéré.
Environ 4.000 mineurs clandestins se trouveraient à Stilfontein, selon un membre de la communauté voisine de Khuma. Pour certains, cette activité illégale est devenue un moyen de subsistance.
"Par faim et parce que nous ne savons pas où gagner notre vie ailleurs, nous sommes descendus dans cette mine que le propriétaire n’a pas condamnée",
explique Ayanda Ndabeni, soulignant que la plupart des "zama zamas" étaient des mineurs licenciés après les fermetures des puits, dont celle du puits N.10 il y a dix ans.
Malgré les risques, Ayanda affirme que la vie sous terre est parfois plus supportable. Sur son téléphone, il montre des photos prises avec un ami, témoins de moments heureux dans les galeries.
Le township de Khuma se mobilise pour soutenir ces mineurs, dont les revenus alimentent l’économie locale.
"Ils disent qu’ils font quelque chose d’illégal, mais ce qu’ils font aide l’économie locale",
défend Johannes Qankase, un leader communautaire.
Un maigre ravitaillement, comprenant 600 litres d’eau et des paquets de porridge, a été descendu samedi, conformément à une ordonnance judiciaire.
Dimanche, la porte-parole nationale de la police, Athlenda Mathe, a renouvelé son appel aux mineurs clandestins pour qu’ils
Pourtant, Ayanda Ndabeni, libre faute de casier judiciaire, ne cache pas son intention:
"Si on ne m’en empêchait pas, j’y retournerais demain."
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