Mali: grosse inquiétude 72 heures après la disparition d’un journaliste à Bamako

12:2110/04/2023, Pazartesi
APANEWS
Le journaliste Aliou Touré. Crédit Photo: APA NEWS
Le journaliste Aliou Touré. Crédit Photo: APA NEWS

Depuis soixante-douze heures, le journaliste Aliou Touré n’a pas donné signe de vie. Sa disparition a été signalée dans la soirée du jeudi 6 avril dernier au lendemain d’une conférence de presse qu’il co-animait pour réclamer la libération du polémiste Ras Bath.

Ce dernier avait été placé en détention provisoire depuis le 13 mars dernier, alors que son procès est prévu mi-juin 2023. Le polémiste avait qualifié de
"meurtre"
la mort de l'ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, survenue il y a plus d'un an à Bamako.

Directeur de publication d'un journal dénommé "Le Démocrate", Aliou Touré est également animateur sur une radio malienne émettant depuis Bamako. Il est aussi très proche du polémiste Ras Bath, puisqu'il assure le poste de Secrétaire Administratif du mouvement créé par ce dernier, le Collectif pour le développement de la République (CDR).


Sa disparition a créé une véritable onde de choc, à tel point que la maison de la presse de Bamako a mis en place une cellule de crise regroupant plusieurs associations de journalistes pour œuvrer à sa recherche. La première réunion de cette cellule de crise est prévue ce lundi 10 avril, mais au moment de sa mise en place, elle a déjà demandé aux autorités de transition de tout faire pour retrouver sain et sauf le journaliste. Certains craignent le pire pour Aliou Touré, puisqu'en plus d'être proche de Ras Bath, il avait également remplacé ce dernier dans l'émission phare qu'il animait tous les mercredis sur une radio de Bamako. Le journaliste est toujours sous le choc émotionnel d'avoir perdu son épouse en octobre dernier et est en traitement depuis longtemps.


Les circonstances de la disparition d'Aliou Touré rappellent celles d'un autre journaliste, Birama Touré, du journal d'investigation "Le Sphinx", dont on est également sans nouvelle depuis janvier 2016. Malgré les mandats d'arrêt internationaux lancés en 2021 contre deux anciens dignitaires du pouvoir déchu en août 2020, à savoir le fils du défunt chef de l'État renversé, Karim Keïta, et l'ancien chef des renseignements, le dossier du journaliste Birama Touré n'a connu aucune évolution. Par ailleurs, on n'en sait pas davantage sur le sort d'autres journalistes maliens, tels que Hamadoun Nialibouly de la radio Dande Douentza, la voix de Douentza, et Moussa M'Bana Dicko de la radio Dandé Haïré, la voix de Haïré, disparus ou enlevés depuis 2020.


De plus en plus, au Mali, les voix discordantes peinent à se faire entendre. Outre les journalistes, certains acteurs politiques ont soit préféré l'exil, soit observent un silence assourdissant. Depuis fin mars dernier, Moussa Hassane Tamboura est porté disparu après que sa formation, dénommée Mouvement Populaire pour la Paix, a fait des sorties virulentes sur la gestion actuelle du pays par les autorités de transition.


Il y a également le cas du président du Parti socialiste démocrate africain (PSDA), membre de la plateforme d'opposition "Appel du 20 Février pour sauver le Mali", Ismaël Sacko, qui a choisi le chemin de l'exil, se sentant menacé après des critiques contre le pouvoir actuel. Une procédure en dissolution de son parti a même été lancée et le verdict est prévu le 12 avril prochain. On se souvient qu'après sa dernière visite au Mali en février dernier, l'expert indépendant de l'ONU sur la situation au Mali, Alioune Tine, a pointé du doigt un
"rétrécissement de l'espace civique et politique".

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