29 mars 1947 – 29 mars 2023. Cela fait 76 ans que Madagascar a vécu l’un des épisodes les plus douloureux de la période coloniale.
Aujourd’hui, à l’heure de la commémoration de cet évènement malheureux dans le pays, des historiens malgaches se penchent sur les relations tumultueuses avec la France considérées par les nationalistes comme un frein dans la marche vers une indépendance réelle.
Alors que la Grande île était encore sous la colonisation française, une insurrection a éclaté dans la nuit du 29 mars 1947. En réponse à cet mouvement de rébellion, la répression de l’armée coloniale française a été violente et sanglante. Des nationalistes sont fusillés dans un wagon à Moramanga dans la nuit du 29 mars 1947. D’autres exécutions s’ensuivent dans les campagnes où les nationalistes ont tenté de résister à la puissance coloniale.
Jusqu’à aujourd'hui, les statistiques ne sont pas encore unanimes concernant le nombre de victimes de cette répression coloniale. Quoi qu’il en soit, les données historiques font état d’environ 100 000 morts. La France n’a jamais admis de manière officielle son entière responsabilité dans ce carnage qui sera décisif dans le combat des Malgaches pour l’indépendance, obtenue 13 ans après.
Pour cet historien, l’évènement du 29 mars 1947, qui s’est terminé en bain de sang, a suscité un élan de patriotisme chez les Malgaches. Par conséquent, les nationalistes ne se sont plus laissés faire et se sont battus jusqu’au bout pour l’indépendance. 76 ans après, les cicatrices sont encore loin d’être complètement guéries. De nombreux analystes déplorent encore l’emprise de la France qui apparait sous d’autres formes.
Combat pour la liberté économique
La politique du "diviser pour mieux régner", mise en œuvre par les autorités coloniales françaises est aussi considérée comme une des séquelles de la colonisation qui perdurent jusqu’à aujourd'hui. Une politique qui a contribué à créer une certaine rivalité tacite entre les habitants des hautes terres ("Les Merina") et ceux des autres régions de l’île ("Les côtiers").
Des problèmes de gouvernance aussi
Cet universitaire soulève ainsi d’éventuelles failles en matière de gouvernance qui pourraient nuire à une véritable émergence du pays demeurant encore dans les rangs des pays en voie de développement. Il rappelle également que les principaux combattants pour l’indépendance du pays, lors de la révolte de 1947, étaient essentiellement composés de paysans issus de la partie Est de l’île. Pour cette commémoration de l‘insurrection de 1947, ce professeur d’université estime qu’il faut mettre en avant le patriotisme.
En outre, pour de nombreux nationalistes, la revendication de Madagascar pour la restitution des îles éparses, que la France considère toujours comme faisant partie de ses Terres australes et antarctiques, malgré l’indépendance de la Grande île en 1960, ramène une fois de plus, aux empreintes indélébiles laissées par la colonisation dont le pays a encore du mal à se défaire. Entre la France et Madagascar, ce vieux contentieux est gelé depuis des décennies et semble, malgré les tentatives de dialogue, loin d'être résolu.