Khalifa Haftar consolide son emprise sur l'Est de la Libye en plaçant ses fils à des postes stratégiques, suscitant des inquiétudes sur la division durable du pays.
L'homme fort de l'Est de la Libye, Khalifa Haftar, a récemment propulsé son cadet à la tête de ses forces terrestres, dernière en date d'une série de promotions de ses fils renforçant l'emprise du clan sur la Cyrénaïque, au risque de perpétuer la division du pays.
Cette nomination, après celles de deux de ses frères à des postes-clefs, traduit selon des experts une volonté du maréchal Haftar, 81 ans, de consolider le pouvoir de son clan dans l'Est et de préparer la relève.
Minée par les divisions depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye, qui dispose d'abondantes réserves pétrolières, est gouvernée par deux exécutifs rivaux, l'un à Tripoli (ouest) reconnu par l'ONU, et l'autre dans l'Est autour du camp Haftar.
Des élections censées unifier le pays étaient prévues en décembre 2021 avant d'être reportées sine die.
L'organisation de l'élection présidentielle bute depuis notamment sur le refus du camp de l'Ouest d'autoriser un militaire et un binational à se présenter, en l'occurrence le maréchal Haftar, citoyen libyen et américain.
Et en février 2024, un autre des six fils de Haftar, Belgacem, avait pris les rênes du "Fonds de développement et de reconstruction de Libye" nouvellement créé, avec d'importants moyens à sa disposition.
"Armée privée"
D'avril 2019 à l'été 2020, le maréchal Haftar avait tenté de conquérir la capitale avec l'appui des Émirats arabes unis, de l'Égypte et de la Russie, mais ses forces avaient été mises en déroute.
"Domaine privé"
Tout en verrouillant le pouvoir, le clan Haftar s'efforce d'écarter, au prix d'une répression brutale, toute opposition dans l'Est et le Sud où des personnalités politiques, tribales et de la société civile sont arrêtées, disparaissent ou sont tuées, explique M. Jalloul.
Dernier exemple en date, la mort en avril du militant Siraj Doghman, lors de sa détention sur une base militaire de Haftar.