Le président de la mosquée de Pessac Abdourahmane Ridouane et son avocat Maître Sefen Guez Guez.
Le président de la mosquée de Pessac, Abdourahmane Ridouane, a été libéré mercredi matin du Centre de rétention administrative (CRA) dans lequel il était enfermé depuis le 8 août dernier, et a pu rentrer en Gironde, où il est domicilié.
Accompagné de son avocat, Maître Sefen Guez Guez, il est arrivé en Gironde où il a été chaleureusement accueilli par ses soutiens venus en nombre pour l'attendre sur le parvis de la gare et le féliciter après des mois d'un combat acharné pour retrouver sa liberté.
Malgré sa libération au terme de 90 jours (délai légal maximal), le responsable religieux est désormais assigné à résidence et doit pointer trois fois par jour sur la commune de Pessac qu'il n'a pas le droit de quitter et où il est domicilié.
En parallèle de cette mesure, il comparaitra devant la justice en janvier prochain pour avoir partagé une publication dans laquelle Ismaïl Haniyeh était qualifié de résistant, sur le réseau social X.
Après son placement en garde à vue pour ces faits, son avocat a publié un communiqué de presse, pour dénoncer une
"procédure-bâillon fondée sur des propos datant de plusieurs mois"
et qui vise
"à empêcher la remise en liberté"
de son client, déjà
"privé de ses proches depuis le 08 août 2024 et loin de la mosquée de Pessac qu'il a fondée"
(il a finalement été libéré depuis).
"Pour empêcher sa sortie, le ministre de l'Intérieur a fait un signalement le 28 octobre dernier de propos qui relèveraient selon lui de l'apologie d'acte de terrorisme"
, expliquait le conseil.
Et de poursuivre:
"Nous dénonçons la particulière célérité avec laquelle le Parquet a déféré au signalement du ministère de l'Intérieur pour mettre en échec la perspective d'une libération du président de la mosquée de Pessac".
Et de poursuivre:
En 48h, un homme a été placé en garde à vue, alors qu'il a fallu plus de 12 mois pour que Meyer Habib, auteur de propos sur le peuple palestinien qualifié de cancer, voit s'ouvrir une simple enquête à son encontre.
Pour rappel, le Conseil d'Etat a rejeté, en septembre dernier, le recours intenté par le président de la mosquée de Pessac (Gironde), Abdourahmane Ridouane, pour contester son expulsion du territoire français.
La plus haute juridiction administrative du pays a, en effet, considéré dans sa décision, que les publications de l'intéressé étaient de nature à justifier son expulsion, et qu'il
"ne prouve pas qu'elle constituerait une atteinte à ses libertés fondamentales".
Le tribunal administratif de Paris s'était déjà prononcé en ce sens dès le 10 août, en établissant les mêmes conclusions pour des publications notamment en lien avec la guerre en cours à Gaza.
Cette décision intervenait alors qu'il avait pourtant remporté, quelques jours plus tôt, un recours intenté en référé devant la justice administrative enjoignant la préfecture à lui délivrer un titre de séjour.
Dans le courant du mois de juin, le tribunal judiciaire de Bordeaux avait par ailleurs émis un avis défavorable à cette expulsion.
Pour la commission chargée d'examiner la demande d'expulsion formulée par la Préfecture,
"les publications Facebook de M. Ridouane - unique fondement utilisé par la Préfecture - ne démontrent pas que ce dernier aurait un comportement de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l'Etat"
, relatait alors maître Sefen Guez Guez, l'avocat d'Abdourahmane Ridouane.
Dans un entretien à Anadolu, ce dernier estimait que son client était ciblé par les autorités en raison de
"son attachement à la défense de la cause palestinienne et sa critique de la politique internationale de la France, y compris au Niger, son pays d'origine".
Si Abdourahmane Ridouane a bien été perquisitionné et interpellé le 8 août dernier et placé en CRA dans l'attente de son expulsion, les autorités ne sont pas parvenues à le renvoyer au Niger, d'où il est arrivé en 1990.
Selon les informations d'Anadolu, le Niger n'aurait pas répondu à la demande de laisser-passer consulaire, seul document permettant son renvoi, en l'absence du passeport d'Abdourahmane Ridouane.
La préfecture de Gironde a, de son côté, annoncé mercredi, après sa remise en liberté, qu'elle ferait un nouveau signalement contre le président de la mosquée de Pessac pour des faits qualifiés de
"défaut de coopération et d'exécution d'une décision d'éloignement".
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