Crédit Photo : SEYLLOU / AFP
Des membres de groupes de la société civile et des chefs religieux s'expriment lors d'une conférence de presse au siège de la Fédération des associations féminines du Sénégal (FAFS) à Dakar, le 8 février 2024.
Les Sénégalais sont appelés à se mobiliser vendredi contre le report de la présidentielle au cours d'une journée test du rapport de force entre le pouvoir du président Macky Sall, la société civile et l'opposition.
Un nouveau collectif de groupes citoyens et religieux et d'organisations professionnelles a demandé aux fidèles de se rendre à la grande prière musulmane hebdomadaire en tout début d'après-midi vêtus de blanc et des couleurs nationales.
Des messages circulant largement sur les réseaux sociaux appellent par ailleurs les Dakarois à manifester à partir de 15H00 (locale et GMT) sur la vaste place de la Nation à quelques kilomètres du centre de la capitale.
Les initiateurs de cet appel ne sont pas identifiés. Mais des candidats à la présidentielle initialement prévue le 25 février et reportée à la dernière minute au 15 décembre, comme Anta Babacar Ngom et Thierno Alassane Sall, ont dit leur intention d'aller manifester.
La journée donnera une mesure de la force de la contestation contre la décision, sans précédent depuis l'indépendance en 1960, de repousser la présidentielle de 10 mois.
Elle a soulevé une indignation largement partagée sur les réseaux sociaux. L'opposition crie au
"coup d'Etat constitutionnel".
Elle soupçonne une manigance pour éviter la défaite du candidat du camp présidentiel, voire pour maintenir le président Sall à la tête du pays encore plusieurs années.
Mais le choc s'est à peine matérialisé ailleurs que sur les réseaux sociaux. Des tentatives de manifestations ont été réprimées et des dizaines de personnes interpellées.
Les autorités n'ont fourni publiquement aucune indication de la réponse prévue au rassemblement annoncé place de la Nation.
De telles manifestations sont soumises à un régime d'autorisation, et rien n'indique qu'une demande ait été déposée. Les autorités ont communément interdit de telles manifestations et empêché leur tenue ces dernières années.
Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées depuis 2021 lors de différents épisodes de contestation.
Les syndicats de l'éducation au sein du collectif Aar Sunu Election
("Protégeons notre élection")
ont par ailleurs appelé à un débrayage dans les écoles vendredi en milieu de matinée. Le collectif demande aux chrétiens de s'habiller en blanc à la prière du dimanche et prévoit une manifestation mardi.
Le collectif a insisté sur sa volonté de protester pacifiquement et de garder son indépendance. Une douzaine de candidats opposés au changement de calendrier, sur les 20 retenus par le Conseil constitutionnel, ont exprimé leur souhait d'une convergence avec la société civile.
Le président Sall a décrété samedi le report de la présidentielle, trois semaines seulement avant l'échéance, en pleine bagarre politique sur les candidatures retenues ou écartées pour le scrutin.
L'Assemblée nationale a approuvé lundi un ajournement au 15 décembre, avec les voix du camp présidentiel et des partisans d'un candidat recalé et sous la protection des gendarmes.
Elle a aussi voté le maintien de M. Sall au pouvoir jusqu'à la prise de fonctions de son successeur, vraisemblablement début 2025. Le deuxième mandat de M. Sall expirait officiellement le 2 avril.
Après avoir entretenu le doute pendant des mois, il a répété à différentes reprises, et encore mercredi soir, l'engagement pris en 2023 de ne pas se représenter.
Face à l'une des plus graves crises politiques des dernières décennies, le président Sall a dit vouloir engager un processus
"d'apaisement et de réconciliation".
Il a ordonné au gouvernement, et en premier lieu au ministère de la Justice, de prendre des mesures concrétisant cette volonté. Ces instructions ont été interprétées comme pouvant concerner les personnes détenues.
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