En arrachant une trêve fragile au Soudan, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a obtenu un répit dans les combats mais la marge de manoeuvre des Etats-Unis face aux généraux semble limitée, selon des experts.
M. Blinken, personnellement très impliqué sur ce dossier depuis que les violences ont éclaté dans ce pays stratégique d'Afrique il y a une dizaine de jours, avait annoncé lundi avoir conclu avec les deux généraux qui se disputent le pouvoir un cessez-le-feu de 72 heures sur tout le territoire, entré en vigueur mardi.
De précédentes annonces d'une cessation temporaire des hostilités entre l'armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) n'avaient pas tenu.
Dès la semaine dernière, alors qu'il se trouvait en déplacement au Japon, M. Blinken a multiplié les échanges avec les deux généraux rivaux, ainsi qu'avec des pays de la région et l'Union africaine.
Il s'est entretenu à au moins deux reprises avec le général al-Burhane et son rival dit "Hemedti", et a participé jeudi à une réunion ministérielle avec le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, ainsi que d'autres partenaires.
Il a également supervisé l'évacuation de l'ambassade américaine à Khartoum, lors d'une opération héliportée menée par les forces spéciales américaines dans la nuit de samedi à dimanche.
Le porte-parole du département d'Etat, Vedant Patel a déclaré mardi à la presse:
On espère que ce cessez-le-feu ne soit pas juste durable mais qu'il soit respecté et amplifié.
L'ambassadeur des Etats-Unis à Khartoum, John Godfrey, qui a été évacué samedi, ainsi que la sous-secrétaire d'Etat pour l'Afrique, Molly Phee, ont été particulièrement à la manoeuvre dans les négociations du cessez-le-feu, avec l'entremise aussi de l'Arabie saoudite et des Emirats, deux puissances arabes ayant d'importants investissements au Soudan.
"Assez pessimiste"
Les Etats-Unis ont été un acteur clé au Soudan depuis des décennies, Washington ayant aidé à conclure l'accord en 2005 mettant fin à la guerre civile et résultant dans l'indépendance du Soudan du Sud.
Ça fait 10 jours qu'ils se battent, 24 heures sur 24. Ils sont fatigués et ont besoin d'une pause, de se regrouper et de se ravitailler.