Sous la direction de son parti, la Ligue Awami, le pays autrefois en proie à une extrême pauvreté a connu une croissance accélérée, grâce au développement d'une industrie textile qui fournit les plus grandes marques de prêt à porter du monde.
Mais le mandat de Mme Hasina a également été entaché par de nombreuses violations des droits humains et son gouvernement a restreint les libertés civiques et de la presse.
Le principal mouvement d'opposition, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) et d'autres partis, ont organisé l'an dernier des manifestations afin d'exiger la démission de la Première ministre et promouvoir un gouvernement intérimaire neutre pour superviser les élections, sans succès.
Quelque 25.000 cadres de l'opposition, dont l'ensemble des dirigeants locaux du BNP, ont été arrêtés dans une vague de répression qui a suivi, selon le parti. Le gouvernement a pour sa part fait état de 11.000 arrestations.
La Ligue Awami fait face à peu de concurrence pour les sièges brigués au parlement, mais n'a pas présenté de candidats pour une petite minorité de circonscriptions, écartant ainsi le scénario d'une chambre unique totalement sous son contrôle.
De nombreux jeunes électeurs affirment ne pas avoir l'intention de participer au scrutin de dimanche, faute de véritable choix.
"Je ne vais pas perdre mon temps pour une élection à sens unique"
, indique à l'AFP Sohanur Rahman, 28 ans, diplômé en informatique.
La scène politique du pays de 170 millions d'habitants a longtemps été dominée par la rivalité entre Sheikh Hasina, la fille du fondateur du pays, et Khaleda Zia, Première ministre à deux reprises et épouse d'un ex dirigeant militaire.
Mme Hasina, 76 ans, domine depuis son retour au pouvoir en 2009, et a renforcé sa mainmise après deux élections entachées d'irrégularités et d'accusations de fraude.
Condamnée pour corruption en 2018, Khaleda Zia, 78 ans, est quant à elle détenue dans un hôpital de la capitale Dacca, en raison de sa mauvaise santé.
Son fils Tarique Rahman dirige le BNP à sa place depuis Londres, où il vit en exil depuis 2008, après plusieurs condamnations dans son pays.
Il a déclaré à l'AFP que son parti, ainsi que des dizaines d'autres, refusait de participer à une élection dont l'issue était
"Participer à des élections sous Mme Hasina, contre les aspirations du peuple bangladais, saperait les sacrifices de ceux qui se sont battus, ont versé leur sang et ont donné leur vie pour la démocratie"
, a-t-il déclaré.
Sheikh Hasina a accusé le BNP d'incendies criminels et de sabotage lors des manifestations, pour la plupart pacifiques, lors desquelles plusieurs personnes ont été tuées dans des affrontements avec la police.
Les forces de sécurité du Bangladesh sont depuis longtemps accusées de recours excessif à la force, ce que dément le gouvernement bangladais.
Les États-Unis, plus grand marché d'exportation du Bangladesh, ont sanctionné une unité de police d'élite accusée de nombreuses exécutions extrajudiciaires et disparitions forcées.
Selon des analystes et l'opposition, Sheikh Hasina cherche à obtenir une forte participation pour renforcer la légitimité du scrutin, avec des mesures d'incitation au vote.
"Il n'est pas approprié de qualifier cela d''élection",
a déclaré à l'AFP Ali Riaz, professeur à l'université d'État de l'Illinois.
"Il s'agit plutôt d'un spectacle mis en scène par le parti au pouvoir".
"Combinaison potentiellement dangereuse"
Le succès de sa politique économique a longtemps garanti la popularité de Sheikh Hasina, mais les difficultés se sont récemment multipliées, avec une hausse des prix de la plupart des produits de base et des pannes d'électricité généralisées en 2022.
Le refus des hausses salariales réclamées par les ouvriers du textile, secteur qui génère 85% des 55 milliards de dollars d'exportations annuelles du pays a déclenché des troubles sociaux fin 2023, avec des usines incendiées et des centaines d'autres fermées.
Le gouvernement est
"moins populaire qu'il y a quelques années, mais les Bangladais ont peu de véritables options dans le bureau de vote",
relève Pierre Prakash, de l'International Crisis Group. Ces frustrations pourraient présager de violences politiques par la suite, estime-t-il.
"C'est une combinaison potentiellement dangereuse".