Kenya: une militante tanzanienne des droits humains kidnappée dimanche a été libérée

12:4213/01/2025, Pazartesi
AFP
La police administrative du Kenya (AP) se tient à côté d'un drapeau en berne à Nairobi le 9 septembre 2024.
Crédit Photo : SIMON MAINA / AFP
La police administrative du Kenya (AP) se tient à côté d'un drapeau en berne à Nairobi le 9 septembre 2024.

Une militante tanzanienne des droits humains de premier plan, Maria Sarungi Tsehai, kidnappée dimanche dans la capitale kényane Nairobi, a été libérée quelques heures plus tard après l'intervention de groupes de défense des droits de l'Homme.

Mme Tsehai est connue pour ses campagnes en faveur de la liberté d'expression, du changement en politique et pour le respect des droits des femmes. Son compte X est suivi par 1,3 million de personnes, mais elle a été forcée ces dernières années à vivre la plupart du temps en exil hors de la Tanzanie.


L'ONG Amnesty International avait rapporté plus tôt dimanche que l'activiste avait
"été enlevée par trois hommes armés circulant dans une Toyota de couleur noire"
dans l'après-midi dans le quartier de Kilimani, dans le centre de la capitale kényane.

"Nous pensons que ses kidnappeurs font partie des renseignements tanzaniens opérant en dehors des frontières de la Tanzanie pour réduire au silence (...) les critiques légitimes",
avait dénoncé sur X
"Change Tanzania",
le mouvement citoyen de Mme Tsehai.

Le
"courage de sa lutte en faveur de la justice a fait d'elle une cible, mais nous ne laisserons pas cette situation la réduire au silence",
avait ajouté son mouvement.

Plusieurs heures plus tard, Faith Odhiambo, présidente de la
"Law Society of Kenya",
principale association d'avocats du pays, a annoncé sur X que la militante avait pu être libérée.

"Maria Sarungi Tsehai a été libérée et elle est en sécurité maintenant",
a annoncé Mme Odhiambo.

Elle déplore:


L'épreuve malheureuse qu'elle a subie dépeint un tableau inquiétant de l'état des droits de l'Homme dans notre pays.

Sur une vidéo postée sur son compte X, Maria Sarungi Tsehai apparaît dimanche soir visiblement très choquée et émue, réconfortée par Mme Odhiambo et des défenseurs des droits humains.


La voix tremblante, la militante tanzanienne y remercie en swahili les personnes qui l'ont aidée:
"Aujourd'hui, j'ai été sauvée",
déclare-t-elle à la fin de son message, avant de fondre en larmes.

Des élections présidentielle et législatives sont prévues en Tanzanie à l'automne.


Ces derniers mois, l'opposition dans ce pays d'Afrique de l'Est a dénoncé à plusieurs reprises des enlèvements visant ses membres, estimant que la présidente Samia Suluhu Hassan - qui avait montré des signes d'ouverture à son arrivée au pouvoir en mars 2021 - renouait avec les pratiques autoritaires de son prédécesseur John Magufuli.

Le Kenya voisin est, de son côté, régulièrement pointé du doigt pour avoir permis à des gouvernements étrangers de kidnapper des citoyens sur son sol, ou de les extrader de force en violation des lois internationales.


Amnesty International a récemment dénoncé une
"tendance croissante et inquiétante de répression transnationale"
au Kenya.

Le Kenya a également connu récemment une vague d'enlèvements de ses propres citoyens, qui a suscité l'indignation dans le pays et fait pleuvoir les critiques sur le président William Ruto.

Dimanche, un membre du gouvernement, Justin Muturi, a été le premier à s'exprimer à propos de cette vague d'enlèvements de jeunes critiques du pouvoir, révélant que son propre fils avait été brièvement enlevé, et qu'il avait craint pour sa vie.


Justin Muturi a été Procureur général de la République du Kenya d'octobre 2022 à juillet 2024. Il est actuellement secrétaire d'État au ministère kényan des Services publics et du Développement des ressources humaines.


La Commission nationale kényane des droits humains (KNCHR) a enregistré 82 cas d'enlèvements depuis les manifestations antigouvernementales de juin-juillet 2024, au cours desquelles plus de 60 personnes ont été tuées selon des ONG.

La KNCHR estime que des dizaines de personnes sont toujours portées disparues.


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