Kenya : Manifestations des journalistes contre les atteintes à la liberté de presse

15:3225/07/2024, jeudi
AFP
Des journalistes ont organisé un sit-in à Nairobi le 24 juillet 2024, tenant une bannière "Nous ne sommes pas des criminels" et chantant pour la protection des journalistes et des libertés des médias, en réponse aux attaques policières lors des manifestations anti-gouvernementales.
Crédit Photo : TONY KARUMBA / AFP
Des journalistes ont organisé un sit-in à Nairobi le 24 juillet 2024, tenant une bannière "Nous ne sommes pas des criminels" et chantant pour la protection des journalistes et des libertés des médias, en réponse aux attaques policières lors des manifestations anti-gouvernementales.

Des dizaines de représentants des médias ont participé mercredi à des rassemblements dans plusieurs villes du Kenya pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme des "menaces" et des "intimidations" de la part des autorités, en particulier après les attaques de la police contre des journalistes lors de manifestations antigouvernementales.

Les journalistes, dont beaucoup étaient vêtus de blanc, brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire
"La vie des journalistes compte", "Ne tirez pas sur le messager" et "Mettez fin à la brutalité".

Les rassemblements ont été organisés après des attaques contre des journalistes couvrant des manifestations antigouvernementales.


Le Kenya est touché depuis le 18 juin par des manifestations menées à l'origine par les jeunes de la "Génération Z" (nés après 1997), ulcérés par un projet de budget prévoyant des augmentations de taxes sur des produits du quotidien, finalement retiré par le président Ruto devant l'ampleur de la mobilisation.

Le 25 juin, la mobilisation avait viré au chaos après que des manifestants eurent brièvement occupé le Parlement. La police avait alors tiré à balles réelles.


Selon une organisation officielle de défense des droits humains, au moins 50 personnes ont été tuées et plus de 400 blessées depuis le début des manifestations.

Les journalistes qui couvraient les événements ont été la cible de tirs, de gaz lacrymogènes et de canons à eau, ont affirmé des groupes de médias.


"La liberté des médias et la liberté d'expression en général sont en voie d'érosion, grâce à un appareil de sécurité dévoyé",
a dénoncé l'association des journalistes kényans (Kenya Editors' Guild) dans un communiqué la semaine dernière.

Des journalistes de la capitale Nairobi ont présenté une pétition au quartier général de la police avant de se rendre au Parlement.

"Nous demandons à être protégés de la police et qu'elle cesse de tirer et d'attaquer les journalistes",
a déclaré le secrétaire général du Syndicat des journalistes du Kenya, Eric Oduor.

Le Conseil des médias du Kenya, organisme financé par l'État, s'est dit
"profondément préoccupé"
par la détérioration des relations entre les médias et le gouvernement, affirmant dans un communiqué publié lundi que cela
"a donné lieu à des menaces injustifiées, à des jeux de reproches, à la coercition, à l'intimidation et à l'animosité".

Le Kenya est considéré comme une démocratie stable dans une Afrique de l'Est en proie à des troubles.

L'ONG de défense des journalistes classe le pays au 102e rang sur 180 en matière de liberté de la presse.
"Certains sujets relatifs à la sécurité nationale, au terrorisme, à la religion ou encore aux trafics de drogue, d'armes et d'êtres humains sont très sensibles, et les journalistes qui les ont abordés ont parfois dû demander une protection"
, selon RSF.

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