Keir Starmer reçoit l'Europe pour parler sécurité et immigration

La rédaction
16:0618/07/2024, jeudi
AFP
Le Premier ministre du Royaume-Uni, Keir Starmer.
Crédit Photo : STEFAN ROUSSEAU / POOL / AFP
Le Premier ministre du Royaume-Uni, Keir Starmer.

Le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer a lancé jeudi près d'Oxford une réunion avec plus de 45 dirigeants européens où il compte redéfinir ses relations avec le continent, notamment en matière de sécurité.

"Nous voulons travailler avec chacun de vous pour restaurer (nos) relations, redécouvrir notre intérêt commun et renouveler les liens de confiance et d'amitié qui font le tissu de la vie européenne"
, a affirmé M. Starmer à l'ouverture de cette réuion au Palais de Blenheim, lieu de naissance de Winston Churchill au nord-ouest de Londres.

Ce quatrième sommet de la Communauté politique européenne (CPE), auquel assiste également le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sera aussi l'occasion pour les Européens de resserrer les rangs autour de l'Ukraine.

"C'est très important de maintenir l'unité en Europe, car l'unité permet toujours de prendre des décisions fortes",
a déclaré M. Zelensky à son arrivée au palais de Blenheim. Il a de ce point de vue critiqué, sans le nommer, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, également présent à Blenheim, et qui a entamé une
"mission de paix"
à Moscou et à Pékin, sans l'aval de l'Union européenne.

Le président ukrainien s'est interrogé devant ses collègues européens:


Si quelqu'un essaie de résoudre des problèmes dans le dos des autres ou même aux dépens de quelqu'un d'autre (...) pourquoi devrions-nous prendre en compte cette personne ?

Le soutien à Kiev et à la démocratie, la sécurité énergétique et l'immigration sont les principaux sujets de discussion entre ces 47 dirigeants de pays européens, de l'Allemagne à San Marin, en passant par la France, la Moldavie ou le Kosovo.

"Saisir l'occasion"


Fraîchement arrivé au pouvoir au Royaume-Uni, le travailliste Keir Starmer a affirmé vouloir
"saisir l'occasion pour renouveler notre relation avec l'Europe",
après les frictions avec les précédents gouvernements conservateurs depuis le Brexit.

Le sommet
"marquera le coup d'envoi de la nouvelle approche de ce gouvernement envers l'Europe"
, a-t-il dit dans un communiqué, évoquant le soutien à l'Ukraine face à la guerre
"barbare"
de la Russie et la défense contre les
"activités déstabilisatrices"
de Moscou à travers l'Europe.

Comme son prédécesseur conservateur Rishi Sunak, Keir Starmer entend aussi défendre une coopération renforcée contre l'immigration illégale en Europe.


Il a promis de combattre les passeurs permettant à des milliers de migrants d'arriver au Royaume-Uni par la Manche.

Pressé de questions sur ce sujet à son arrivée au palais de Blenheim, le président français Emmanuel Macron a réaffirmé l'engagement de la France à
"constamment améliorer la situation".

"Il n'y a pas de baguette magique, parce que nous connaissons la situation",
a-t-il dit, interrogé par quelques journalistes. Et de poursuivre:

Nous faisons de notre mieux, nous avons amélioré la situation au cours de ces dernières années, et nous continuerons nos efforts.

Accueil favorable


Cette
"redéfinition"
des relations avec l'Europe, prônée par le nouveau gouvernement travailliste, est plutôt favorablement accueillie à Bruxelles, qui attend néanmoins de connaître les détails de ce que proposera le nouvel exécutif britannique, en matière de sécurité notamment, en rappelant qu'il n'est pas question de
"rouvrir"
les discussions sur les accords du Brexit.

Née en octobre 2022 sur une idée du président Macron et dans le contexte de la guerre en Ukraine, la CPE réunit de manière informelle les 27 membres de l'UE et d'autres pays du continent dans un esprit de dialogue sur des enjeux de sécurité et de stabilité.


Pour la première fois, les responsables de l'Otan, du Conseil de l'Europe et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont été invités à un sommet de la CPE, le quatrième après Prague (République tchèque), Chisinau (Moldavie) et Grenade (Espagne).

"Non seulement les derniers mois ont été très difficiles pour les Ukrainiens en terme d'évolution du conflit, mais le spectre de l'élection américaine en novembre (qui pourrait voir Donald Trump revenir à la Maison Blanche) pèse aussi fortement sur la réflexion européenne autour de la façon dont elle doit assumer sa responsabilité"
vis-à-vis de Kiev en cas de désengagement américain, a estimé Susi Dennison, du centre de réflexion du Conseil européen pour les relations internationales, lors d'un échange avec la presse en amont du sommet.

Parmi les grands absents, figurent le président turc Recep Tayyip Erdogan, déjà absent des deux précédentes éditions, et la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, retenue à Strasbourg où le Parlement européen vote au même moment pour renouveler son mandat.


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