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L’exploitation illégale de l’or, connue sous le nom de "galamsey", dévaste les terres agricoles et pollue les rivières au Ghana, tout en s’imposant comme un enjeu crucial dans la campagne présidentielle du 7 décembre.
Accroupi près d’une fosse boueuse, Frank plonge ses mains dans la terre ocre à la recherche d’or, ressource pour laquelle le Ghana est le premier producteur africain. Autour de lui, des hommes torses nus s’activent sous un soleil brûlant, maniant pelles et excavatrices.
Les paysages verdoyants d’autrefois ont laissé place à des trous béants, illustrant l’impact environnemental catastrophique de l’exploitation minière illégale. Cette activité, surnommée
est devenue un thème central de la campagne pour l’élection présidentielle du 7 décembre.
"Nous savons que nos activités nuisent à la terre et polluent les rivières, mais quel choix avons-nous ? Il n’y a pas d’emplois",
confie Frank, un pseudonyme, à l’AFP. Comme lui, des milliers de mineurs illégaux au Ghana s’adonnent à cette pratique, poussés par la pauvreté et le chômage.
Avec un revenu hebdomadaire d’environ 180 dollars, ces mineurs gagnent souvent plus que le salaire mensuel d’un enseignant, mais au prix de conséquences sociales et environnementales dramatiques.
Un coût social et environnemental alarmant
Le Ghana, sixième exportateur d’or mondial et deuxième producteur de cacao, subit de plein fouet les ravages du galamsey. Cette activité pollue les cours d’eau, détruit les terres agricoles et réduit les ressources forestières.
À Osino, à quelques heures d’Accra, les terres fertiles ont été dépouillées de leur couche arable. Les plantations de cacao, autrefois florissantes, ont été décimées, avec plus de 19.000 hectares transformés en sites miniers.
Les cours d’eau sont empoisonnés par le mercure et le cyanure utilisés pour extraire l’or, menaçant l’approvisionnement en eau potable de millions de Ghanéens.
"Le gouvernement doit nous aider à exploiter les mines de manière responsable",
plaide Frank. Il dénonce également les opérations militaires visant à détruire le matériel des mineurs, appelant à des solutions économiques durables pour éviter que la jeunesse ne se tourne vers la criminalité.
Une mobilisation croissante
La lutte contre le galamsey est devenue un enjeu crucial à l’approche des élections. Depuis 2017, le président Nana Akufo-Addo avait promis d’éradiquer cette pratique, mais celle-ci a prospéré, alimentée par la hausse des prix de l’or et un chômage des jeunes atteignant plus d’un million.
Face à la pression de l’opinion publique, le gouvernement a déployé des bateaux de la marine pour protéger les plans d’eau et intensifié les actions contre l’exploitation illégale. Pourtant, des hectares de terres agricoles et des dizaines de réserves forestières continuent d’être détruits.
Selon la Commission des forêts du Ghana, plus de 34 réserves forestières ont été touchées, et l’exploitation minière illégale représente désormais 40 % de la production d’or du pays, employant plus d’un million de personnes.
Pour de nombreux électeurs, le galamsey symbolise l’échec des politiques gouvernementales. Le second mandat de Nana Akufo-Addo a été marqué par une crise économique majeure, contraignant le Ghana à faire défaut sur sa dette extérieure et à conclure un accord de 3 milliards de dollars avec le FMI.
Malgré les promesses des candidats, le scepticisme demeure. Clement Abaidoo, directeur du Centre pour l’environnement, les ressources naturelles et la durabilité (CENS Africa), souligne:
Aucun des partis n’a présenté de stratégie claire et applicable pour lutter contre l’exploitation minière illégale.
En attendant des solutions viables, les mineurs comme Frank continueront de creuser la terre, pris entre survie économique et destruction environnementale.
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