Accra, Ghana – Le vice-président sortant, Dr. Mahamudu Bawumia, a reconnu sa défaite lors des élections générales du 7 décembre 2024 et a félicité l’ancien président et chef de l’opposition, John Dramani Mahama, pour sa victoire. Selon les résultats provisoires, Mahama, candidat du Congrès National Démocratique (NDC), aurait remporté 56% des suffrages, marquant ainsi un revers majeur pour le Nouveau Parti Patriotique (NPP).
Cette élection s'inscrit dans une dynamique de changement politique marquée en Afrique, où quatre transitions de pouvoir ont eu lieu au cours des douze derniers mois, notamment au Botswana, en Maurice et au Sénégal.
Elle met également en lumière un taux de participation vraisemblablement inférieur à celui des élections de 2020, qui s’élevait à 79%. Le taux de participation à ces élections a été à hauteur de 59,6%.
Le système politique ghanéen : un modèle démocratique en Afrique
Le Ghana est une république unitaire dotée d’un système présidentiel, établi par la Constitution de 1992. Le président, élu au suffrage universel pour un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois, cumule les fonctions de chef de l'État, chef du gouvernement et commandant en chef des forces armées. Le Parlement monocaméral, composé de 275 membres, est également élu au suffrage direct. Le pays repose sur un système multipartite dominé par deux grands partis :
- Le Nouveau Parti Patriotique (NPP), orienté à droite.
- Le Congrès National Démocratique (NDC), positionné au centre.
Le processus électoral se distingue par une organisation rigoureuse, faisant appel à des systèmes biométriques pour l’identification des électeurs et des urnes transparentes pour garantir la transparence.
Résultats et analyse des élections de 2024
Outre John Mahama, plusieurs figures politiques ont concouru, dont le vice-président sortant Mahamudu Bawumia, premier candidat musulman du NPP, et des candidats émergents comme Alan Kyerematen et Nana Kwame Bediako. Cependant, ces derniers n'ont eu qu'un impact limité sur l'issue du scrutin.
Les projections indiquent également une victoire écrasante du NDC aux législatives, avec un gain de 180 à 200 sièges au Parlement, contre 137 sièges lors du précédent mandat. Cette victoire marque un tournant historique pour le NDC, mais aussi pour le Ghana, puisque la vice-présidente devant être élue, Prof. Jane Naana Opoku-Agyemang, devient la première femme à occuper ce poste.
Les experts attribuent cette défaite du NPP à des frustrations croissantes envers le gouvernement sortant, miné par des scandales de corruption, une gestion économique jugée défaillante, et une inflation galopante. Ces éléments ont contribué à éroder le soutien populaire pour le parti au pouvoir, qui a enregistré son pire score depuis 1996.
Un basculement démocratique sur fond de changement en Afrique
Le Ghana, avec l'élection de John Mahama, illustre une tendance marquante sur le continent africain en 2024 : l'émergence d'une opposition renforcée capable de bousculer des partis au pouvoir parfois enracinés depuis des décennies. Ce basculement démocratique, loin d'être isolé, s'inscrit dans une série de transitions observées dans plusieurs pays, tels que le Botswana, le Sénégal et la Mauritanie, où les populations ont exprimé leur volonté de changement à travers les urnes.
Ce phénomène est largement attribué à une combinaison de facteurs, notamment l'insatisfaction face à la gestion économique, les scandales de corruption, et une société civile de plus en plus mobilisée. Les citoyens, confrontés à des défis économiques exacerbés par des conditions mondiales difficiles, réclament des gouvernements responsables et des politiques plus inclusives.
Ce vent de changement, bien qu’encourageant pour la vitalité démocratique du continent, met également en lumière les défis qui accompagnent ces transitions : consolidation institutionnelle, gestion des attentes populaires et stabilité politique. L’élection de Mahama au Ghana, tout en marquant une nouvelle ère, s’inscrit dans ce contexte plus large d’une Afrique en quête de renouvellement démocratique.
Relations Türkiye-Ghana : un partenariat stratégique
Les relations entre la Türkiye et le Ghana, qui remontent aux années 1960, se sont intensifiées ces dernières décennies. Le Ghana représente un partenaire clé pour la Türkiye en Afrique de l'Ouest, avec des collaborations dans les domaines diplomatique, commercial et culturel. La Türkiye figure parmi les principaux partenaires commerciaux du Ghana, avec une attention particulière portée aux secteurs de l’énergie, de l’or et du cacao.
Lors de son précédent mandat présidentiel, Mahama avait effectué une visite officielle en Türkiye en janvier 2013, renforçant les liens bilatéraux. Cette relation pourrait connaître un nouvel élan sous son second mandat.
Le succès de l’opposition au Ghana reflète une tendance plus large vers la démocratisation en Afrique, où les citoyens et les oppositions continuent de jouer un rôle essentiel dans la consolidation des institutions démocratiques.