Crédit Photo : Wahyudi / AFP
Des ouvriers transportent des fruits de palmiers à huile sur un bateau depuis les plantations situées le long de la rivière Kampar jusqu'aux usines de transformation à Kampar, Riau.
Une réglementation confuse et un mauvais contrôle de son application permettent à l'un des principaux producteurs indonésiens d'huile de palme d'exploiter des concessions dans des zones forestières protégées, a dénoncé une ONG dans un récent rapport.
L'ONG
, notamment sa branche indonésienne (Wahli), accuse
"un régime juridique complexe, mal appliqué et fréquemment changeant"
d'être responsable de l'augmentation de la déforestation liée à l'huile de palme ainsi que d'affrontements croissants avec les populations locales.
Astra Agro Lestari (AAL), l'un des principaux producteurs indonésiens, mène, selon l'ONG, des activités dans des zones forestières protégées et apparemment sans les permis gouvernementaux requis. AAL
"exploite les lacunes de la réglementation indonésienne autour de l'huile de palme"
, a affirmé Uli Arta Siagian, directrice de campagne sur les forêts et les plantations pour Wahli.
Selon le rapport, 17.664 hectares de concessions d'AAL chevauchent le
indonésien, des zones où les plantations et le défrichement sont restreints. Seules les
"forêts de production de conversion"
peuvent être cultivées, mais l'ONG affirme qu'AAL exploite des concessions sur 1.100 hectares qui devraient être interdites.
Dans une réaction transmise à l'AFP, AAL a rejeté ces allégations, qui, selon l'ONG, sont basées sur l'analyse de données géospatiales et d'images satellite obtenues de manière indépendante. L'exploitation dans les forêts de production en conversion est autorisée mais à la condition d'obtenir les permis appropriés. Au moins trois filiales d'AAL ne disposent pas de tels permis, affirme l'ONG.
"AAL et ses filiales opèrent conformément aux lois indonésiennes et détiennent tous les permis nécessaires pour mener leurs affaires et leurs opérations"
, a répondu la société dans un communiqué à l'AFP.
"Aucune des filiales d'AAL n'est impliquée dans une quelconque acquisition illégale de terres ni ne commet de violations des droits de l'homme"
, a ajouté l'entreprise.
Dans certains cas, avance encore AAL, les permis n'étaient pas nécessaires parce que la désignation de la nature des terrains est intervenue après l'octroi de la concession. Toujours selon l'entreprise, le rapport est basé sur une analyse trompeuse, confondant le défrichement d'anciennes plantations de palmiers à huile avec la déforestation.
L'ONG conteste cette défense et affirme que les images satellite et les travaux sur le terrain confirment une déforestation importante sur les concessions d'AAL. Après avoir ralenti au cours de la dernière décennie, la déforestation en Indonésie s'est à nouveau accélérée en 2023, avec plus de 30.000 hectares de forêt détruits pour des plantations de palmiers à huile, selon des chercheurs.
L'Indonésie est le premier producteur mondial d'huile de palme, générant plus de 60% de l'offre mondiale avec l'Union européenne comme l'un des principaux marchés. L'UE a interdit l'année dernière les importations de biens, notamment d'huile de palme, liés à la déforestation. Sollicité par l'AFP, le ministère indonésien de l'Environnement et des Forêts n'a pas répondu dans l'immédiat.
Le rapport de l'ONG met également en avant le manque d'informations publiques sur les concessions et exhorte le gouvernement à
"examiner les cartes et les permis d'AAL"
. AAL fournit de l'huile de palme à de grands groupes agroalimentaires tels que Nestlé, PepsiCo, Unilever et Danone et a déjà été accusé de s'être accaparé des terres de façon violente.
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