Indonésie: des élections hors normes pour l'archipel aux 17.000 îles

11:0412/02/2024, lundi
AFP
Les travailleurs chargent du matériel électoral sur un bateau se dirigeant vers des îles éloignées, à Pulo Aceh, à Banda Aceh, le 12 février 2024, avant les prochaines élections générales indonésiennes prévues le 14 février.
Crédit Photo : CHAIDEER MAHYUDDIN / AFP
Les travailleurs chargent du matériel électoral sur un bateau se dirigeant vers des îles éloignées, à Pulo Aceh, à Banda Aceh, le 12 février 2024, avant les prochaines élections générales indonésiennes prévues le 14 février.

L'Indonésie prépare depuis des mois l'un des plus grands scrutins au monde, organisé sur une seule journée, un exploit qui nécessite de transporter le matériel électoral par bateau, avion, à dos de cheval ou de buffle.

Dans ce pays d'Asie du Sud-Est de plus de 270 millions d'habitants à majorité musulmane, près de 205 millions d'électeurs sont appelés aux urnes mercredi pour l'élection présidentielle.


Trois candidats sont en lice : l'actuel ministre de la Défense Prabowo Subianto, l'ex-gouverneur de Java centre Ganjar Pranowo et Anies Baswedan, l'ancien gouverneur de Jakarta.

Sur un territoire qui s'étend sur 5.000 kilomètres et trois fuseaux horaires, les bureaux de vote ouvriront à 7H00 du matin à l'ouest de l'archipel (22H00 GMT mardi) et ne resteront ouverts que durant six heures.


Pour rendre la tâche encore plus compliquée, en plus de l'élection présidentielle, le pays choisira aussi ses députés et des élus locaux.


Parmi les éléments à prendre en compte, la météo.
"La distribution du matériel et le vote auront lieu en pleine saison des pluies"
, a relevé il y a quelques mois le président de la commission électorale, Hasyim Asyari, espérant que
"le pire ne se produirait pas"
dans un pays où des quartiers entiers sont régulièrement inondés.

Des milliers de bénévoles préparent depuis des mois le matériel électoral et plus de cinq millions de volontaires se relaieront pour tenir plus de 800.000 bureaux de vote.

Outre l'élection présidentielle, qui nécessitera un second tour en juin si aucun des candidats n'obtient la majorité, 20.000 sièges d'élus régionaux et locaux sont en jeu ainsi que 580 sièges de députés que se disputent 18 partis.


Près d'1,7 million d'Indonésiens vivant à l'étranger ont déjà commencé à voter, certains par correspondance.


Buffles ou éléphants


Par tous les moyens de transport possibles, les autorités ont commencé à distribuer les urnes sous la protection d'agents armés, dans tous les coins de l'immense archipel qui abrite des centaines de groupes ethniques et de langues.


Dans la province occidentale d'Aceh, sur la grande île de Sumatra, les autorités s'interrogeaient encore en fin de semaine pour savoir si des éléphants seraient de nouveau utilisés pour transporter les urnes comme en 2019.


Dans celle de Lampung, sur la même île, des buffles sont les seuls à pouvoir emprunter les pistes boueuses pour atteindre quatre villages isolés, a expliqué à l'AFP la présidente de la commission électorale locale, Marlini, qui, comme de nombreux Indonésiens, porte un seul nom.


"Le matériel électoral sera transporté dans une charrette tirée par un buffle. C'est le seul moyen de transport possible"
, a-t-elle indiqué.

Des hors-bord achemineront les bulletins vers les Mille-îles, éparpillées au large de Jakarta et des navires de guerre ont également été mobilisés dans d'autres régions.


Dans la troisième plus grande démocratie du globe, après l'Inde et les États-Unis, le vote s'ouvrira en Papouasie, province orientale la plus reculée d'Indonésie, en proie à une insurrection de rebelles indépendantistes et où la sécurité sera renforcée.


Autre menace, les cyber-attaques. Une force spéciale a été créée pour l'occasion afin de se prémunir contre de possibles attaques intérieures ou venant de l'étranger.


Plusieurs fuites de données, notamment au niveau de la commission électorale centrale, ont suscité l'inquiétude. Mais un porte-parole de l'agence dédiée s'est dit confiant:
"Les attaques ne diminueront pas. Ce qui compte, c'est la façon dont nous y faisons face pour qu'elles ne se transforment pas en incidents".

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