Hong Kong: 14 militants prodémocratie reconnus coupables de subversion

11:1530/05/2024, jeudi
AFP
L'ancien conseiller municipal Shun Lee est entouré de policiers et de journalistes alors qu'il quitte le tribunal de première instance de West Kowloon, à Hong Kong, le 30 mai 2024, après avoir été déclaré non coupable.
Crédit Photo : Peter PARKS / AFP
L'ancien conseiller municipal Shun Lee est entouré de policiers et de journalistes alors qu'il quitte le tribunal de première instance de West Kowloon, à Hong Kong, le 30 mai 2024, après avoir été déclaré non coupable.

La justice hongkongaise a déclaré 14 militants prodémocratie coupables de subversion jeudi, lors du plus important procès contre des partisans de la démocratie dans le centre financier depuis que Pékin y a instauré une loi de sécurité nationale.

Il s'agit de la plus grande affaire à ce jour liée à cette loi promulguée mi-2020 qui a muselé toute dissidence à Hong Kong après d'importantes manifestations prodémocratie, parfois violentes, en 2019 dans ce territoire du sud de la Chine.


Les autorités ont inculpé 47 figures de proue de l'opposition pour
"conspiration à des fins de subversion"
, affirmant que leurs activités politiques visaient à faire tomber le gouvernement.

La justice s'est prononcée jeudi sur le cas des 16 mis en cause qui, parmi les 47, avaient plaidé non coupables.


Le juge de la Haute Cour, Andrew Chan, a décliné jeudi les noms de 14 accusés reconnus coupables de subversion. En font partie les ex-députés
"Long Hair"
Leung Kwok-hung et Ray Chan ainsi que l'ancienne journaliste Gwyneth Ho. Le tribunal a déclaré non coupables deux anciens conseillers de district, Lawrence Lau et Shun Lee.

Le prononcé des peines est attendu plus tard dans l'année.


Les militants condamnés avaient prévu de saper l'autorité du gouvernement et
"selon nous, cela aurait entraîné une crise constitutionnelle pour Hong Kong"
, ont écrit trois juges de la Haute Cour, triés sur le volet.

"Question purement politique"


La plupart des accusés sont derrière les barreaux depuis 2021.


Tous ont alors été inculpés de
"conspiration en vue de commettre des actes de subversion"
, des faits passibles de la réclusion à perpétuité, un an après avoir organisé une primaire officieuse pour sélectionner des candidats de l'opposition en vue des législatives.

Selon le parquet, leur objectif était d'obtenir une majorité au sein de l'assemblée partiellement élue de la ville, pour opposer notamment leur veto aux budgets et forcer potentiellement à la démission la dirigeante pro-Pékin de Hong Kong de l'époque, Carrie Lam.

La défense a fait valoir que la loi fondamentale, qui sert de constitution à Hong Kong, permettait ce projet, et qu'il s'agissait donc
"d'une question purement politique plutôt que d'une question juridique"
.

Le procès s'est tenu sans jury, en rupture avec la tradition judiciaire de Hong Kong.


L'affaire a été suivie de près par la communauté internationale. Des diplomates des consulats français et italien et d'autres de l'Union européenne se sont rendus au tribunal jeudi.


Les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux ont émis des critiques à l'encontre de Pékin, estimant qu'il réduisait les libertés promises lors de la rétrocession de l'ancienne colonie britannique à la Chine en 1997.

L'arrestation des principaux accusés en janvier 2021, dont Leung Kwok-hung, le juriste Benny Tai et l'ex-députée pro-démocratie Claudia Mo, avait conduit les Etats-Unis à imposer des sanctions à six responsables chinois et hongkongais. Benny Tai et Claudia Mo ont décidé de plaider coupable.


Le consul général des Etats-Unis à Hong Kong, Gregory May, a indiqué en mai que Washington allait
"suivre de près les verdicts attendus et leurs condamnations"
.

Tentative de manifestation


Cette semaine, la police de Hong Kong a annoncé l'arrestation de sept personnes en deux jours, pour la publication sur le réseau social Facebook de
"messages à caractère séditieux"
.

Ces arrestations sont les premières en lien avec une nouvelle loi sur la sécurité nationale entrée en vigueur en mars, dont les États-Unis, l'Union européenne, le Japon et la Grande-Bretagne se sont inquiétés des effets pour les libertés à Hong Kong.

Elle prévoit des peines de prison pouvant aller jusqu'à la perpétuité pour cinq catégories de crimes, dont la trahison, l'insurrection, l'espionnage, le sabotage et l'ingérence extérieure.


Ce texte a aussi supprimé les possibilités de réduction de peine d'un tiers pour bonne conduite pour les personnes condamnées au titre de la sécurité nationale, portant un coup aux 31 accusés prodémocratie qui avaient choisi de plaider coupable avec l'espoir d'une libération anticipée.

La Chine a exhorté jeudi les détracteurs internationaux de cette loi à
"cesser immédiatement de s'ingérer dans les affaires de Hong Kong et dans les affaires intérieures de la Chine"
.

"J'espère que tout le monde continuera à se préoccuper de nos autres amis dans cette affaire"
, a pour sa part déclaré aux journalistes à sa sortie du tribunal, Lawrence Lau, l'un des accusés reconnu non coupable jeudi.

À l'extérieur du tribunal, la Ligue des sociaux-démocrates (LSD), l'une des dernières voix de l'opposition à Hong Kong, a tenté en vain d'organiser une petite manifestation.

Sa présidente - l'épouse de
"Long Hair"
Leung Kwok-hung - et trois personnes
"ont été arrêtées alors qu'ils protestaient"
, a posté le militant Figo Chan sur Facebook.

L'AFP a demandé à la police une confirmation de ces arrestations.


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