Hong Kong: sept arrestations liées à la loi sur la sécurité nationale

16:1729/05/2024, mercredi
AFP
Chow Hang-tung, une militante pro-démocratie hongkongaise.
Crédit Photo : Peter PARKS / AFP
Chow Hang-tung, une militante pro-démocratie hongkongaise.

La police de Hong Kong a annoncé mercredi l'arrestation d'une septième personne en vertu de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, pour avoir publié sur Facebook des "messages à caractère séditieux", en dépit des inquiétudes exprimées le même jour par l'Union européenne.

Les autorités ont déclaré que la femme qui a été interpellée, âgée de 53 ans, était soupçonnée de
"délits liés à une intention séditieuse"
. Il s'agit de la septième personnes arrêtée en deux jours.

Réagissant plus tôt mercredi à l'arrestation la veille de six personnes, un porte-parole de l'Union a déclaré qu'elle
"semble confirmer les inquiétudes de l'UE concernant la nouvelle loi et ses effets sur les droits et les libertés des habitants de Hong Kong"
.

"Les arrestations suggèrent que la nouvelle loi est utilisée pour étouffer la liberté d'expression des habitants de Hong Kong"
, a-t-il ajouté. L'UE
"appelle les autorités de Hong Kong à protéger la capacité des habitants de Hong Kong à exercer leurs droits et leurs libertés"
, a-t-il déclaré.

Les six personnes arrêtées mardi avaient publié sur une page Facebook des
"messages à caractère séditieux"
liés à la commémoration de la répression meurtrière des manifestations de la place Tiananmen par Pékin en 1989, ont indiqué les autorités.

Mardi, le chef de la sécurité de Hong Kong a identifié l'une d'entre elles comme Chow Hang-tung, une militante de premier plan qui dirigeait le groupe, aujourd'hui dissous, organisant des veillées annuelles pour commémorer cet événement historique.


La page Facebook, surnommée
"Chow Hang-tung Club"
, incitait ces dernières semaines ses membres à raconter des expériences liées aux veillées.

Chow Hang-tung purge actuellement une peine de 30 mois de prison pour d'autres faits, notamment pour
"rassemblement non-autorisé"
. Elle est également dans l'attente d'un autre procès pour
"incitation à la subversion"
, avec deux autres militants.

Veillées interdites


Pour Sarah Brooks, directrice régionale de l'ONG Amnesty International pour la Chine, ces arrestations sont
"une honteuse tentative d'empêcher les gens de commémorer"
ces événements survenus il y a 35 ans.

Le gouvernement local se sert de la nouvelle loi comme d'une arme pour
"faire taire les critiques"
, malgré les avertissements d'experts en droits humains des Nations unies, a-t-elle ajouté. Hong Kong était le seul endroit sur le territoire chinois où l'on pouvait ouvertement commémorer la date du 4 juin 1989, quand Pékin avait envoyé des troupes contre des manifestants pro-démocratie.

Les veillées, qui réunissaient autrefois des dizaines de milliers de personnes à Victoria Park, sont interdites depuis 2020.


Ces arrestations sont les premières en liaison avec la nouvelle loi sur la sécurité nationale, entrée en vigueur en mars et qui prévoit des peines de prison pouvant aller jusqu'à la perpétuité pour cinq catégories de crimes, dont la trahison, l'insurrection, l'espionnage, le sabotage et l'ingérence extérieure.

Elle a également étendu la portée du crime de
"sédition"
, datant de l'époque coloniale britannique, pour y inclure l'incitation à la haine contre les dirigeants du parti communiste chinois.

Ce texte complète une première loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin en 2020 après les grandes manifestations de l'année précédente en faveur de la démocratie à Hong Kong.


Les États-Unis, l'Union européenne, le Japon et la Grande-Bretagne se sont inquiétés des effets de cette loi pour les libertés à Hong Kong.


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