Les travailleurs sri-lankais ont bravé l'interdiction de faire grève mercredi pour protester contre le plan de sauvetage du gouvernement pour cette nation insulaire en faillite, les médecins annulant des interventions chirurgicales.
Le président Ranil Wickremesinghe est confronté à une population exaspérée après avoir fortement augmenté les impôts et réalisé des coupes budgétaires pour obtenir un renflouement du Fonds monétaire international (FMI), qui fait cruellement défaut.
Les médecins de l'hôpital national du Sri Lanka à Colombo ont déclaré que seuls les cas d'urgence étaient traités, tandis que les rendez-vous étaient annulés dans les cliniques et hôpitaux privés.
Les électriciens et les employés de banque étaient également en grève, tandis que les dockers ont manifesté à l'heure du déjeuner dans le port de la capitale.
Les dirigeants syndicaux ont rapporté que M. Wickremesinghe leur avait dit samedi qu'il ne pouvait pas réduire les impôts sur le revenu, car il s'agissait d'une condition du FMI pour débloquer le plan de sauvetage.
Haritha Aluthge, membre de l'Association des médecins du gouvernement, a indiqué aux journalistes à Colombo que son syndicat comptait poursuivre son action.
Le Sri Lanka a sollicité l'aide du FMI après avoir fait défaut en avril dernier sur sa dette extérieure, évaluée actuellement à 46 milliards de dollars. Il attend par ailleurs des garanties financières de la part de la Chine, son principal créancier bilatéral, qui doit accepter de réduire le coût des emprunts accordés au pays.
La crise économique sans précédent que traverse la nation de 22 millions d'habitants depuis fin 2021 a provoqué de graves pénuries de produits de base, de médicaments, de carburant, entraînant des mois de manifestations qui ont conduit à la chute du président Gotabaya Rajapaksa en juillet.
M. Wickremesinghe, qui a été élu par le Parlement pour remplacer M. Rajapaksa, affirme que l'économie s'est contractée de 11% l'année dernière et que l'île resterait en faillite au moins jusqu'en 2026.
Il a également annoncé que le pays n'avait pas les fonds pour financer les élections locales qui devaient avoir lieu le 9 mars, ce qui lui a valu d'être accusé d'utiliser la crise économique pour étouffer la démocratie.