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France: soupçonné d'antisémitisme, l'auteur d'une fresque anti-Macron relaxé

16:3623/11/2023, الخميس
MAJ: 23/11/2023, الخميس
AFP
Oeuvre satyrique du grapheur Letko grimantle président français en Adolphe Hitler. Crédit Photo: Dauphin Philippe
Oeuvre satyrique du grapheur Letko grimantle président français en Adolphe Hitler. Crédit Photo: Dauphin Philippe

Le tribunal correctionnel d'Avignon (sud-est de la France) a relaxé jeudi un graffeur ayant représenté l'économiste Jacques Attali en marionnettiste manipulant le président Emmanuel Macron, rien ne prouvant avec une "absolue certitude" son caractère antisémite.

Ce graffeur de 32 ans, connu sous le nom de Lekto, avait réalisé en juin 2022 cette peinture murale sur un transformateur électrique à l'entrée d'Avignon.


Représentant Jacques Attali, qui est juif, en un Geppetto au regard inquiétant manipulant telle une marionnette un Emmanuel Macron caricaturé en Pinocchio, la peinture reprenait l'iconographie antisémite de l'entre-deux-guerres, selon plusieurs associations antiracistes.


Elle avait été effacée 72 heures après à l'initiative de la préfecture et de la communauté d'agglomération.

Son auteur a ensuite fait l'objet de poursuites à l'initiative du parquet et sur citation directe de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).



Il devait répondre d'
"injure publique en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion"
et de
"provocation à la discrimination en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion".

Lors de l'audience, le 14 septembre, il avait expliqué aimer
"tourner en dérision ceux qui ont du pouvoir"
et nié toute intention antisémite, affirmant avoir ignoré que Jacques Attali était juif. 

Il avait aussi expliqué s'être inspiré pour son dessin de propos tenus par Jacques Attali lui-même, qui avait affirmé en 2017 avoir joué un rôle clé dans le décollage de la carrière politique d'Emmanuel Macron.


Jeudi, le tribunal l'a relaxé sur toute la ligne, alors que le parquet avait requis contre lui 6.000 euros d'amende, dont 2.000 avec sursis. Présent à l'audience, il a quitté le palais de justice sans faire de déclaration.

Relevant notamment que le portrait de Jacques Attali ne reprenait pas les traits caricaturaux habituels de la propagande antisémite, le tribunal a estimé qu
"aucun élément (...) ne permet d'affirmer avec une absolue certitude que l'utilisation (par le prévenu) d'une image de marionnette à fil, dont l'usage dépasse largement la seule utilisation à des fins racistes, ait été conduite par un sentiment antisémite".

Dans sa motivation, le juge affirme également que la fresque
"ne contenait aucun appel ou une exhortation, même implicitement formulé, à la discrimination, à la haine ou à la violence"
et qu'elle ne constituait en outre pas non plus une
"injure publique"
au sens de la loi.

L'avocat de SOS-Racisme, l'une des associations s'étant portée partie civile, Paul-Roger Gontard, a regretté que le tribunal n'ait pas regardé "comme un ensemble" les éléments iconographiques.


"Or, tout l'objet du débat était précisément dans l'accumulation de symboles à caractère insidieusement antisémite, insidieusement raciste"
, a-t-il estimé, en espérant que le parquet fera appel du jugement.

En avril, une autre fresque du même artiste représentant Emmanuel Macron, sous des traits rappelant le leader nazi Adolf Hitler avec le nombre "49.3" inscrit en guise de moustache, en référence à l'article de la Constitution utilisé pour faire passer la réforme des retraites à l'Assemblée nationale, avait également créé la polémique avant d'être elle aussi rapidement effacée.


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