France / Sorbonne: les étudiants dénoncent le "soutien inconditionnel" de Macron à Netanyahu

11:1526/04/2024, Cuma
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Des manifestants brandissent une pancarte condamnant le président français Emmanuel Macron, le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu lors d'un rassemblement de solidarité avec les Palestiniens, à Amman, en Jordanie, le 27 octobre 2023.
Crédit Photo : KHALIL MAZRAAWI / AFP
Des manifestants brandissent une pancarte condamnant le président français Emmanuel Macron, le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu lors d'un rassemblement de solidarité avec les Palestiniens, à Amman, en Jordanie, le 27 octobre 2023.

Au cœur de Paris, la place du Panthéon est devenue le théâtre d'un conflit de valeurs, ce jeudi, entre la jeunesse universitaire et la politique étrangère du président français Emmanuel Macron.

Alors que le chef de l'État français s'est présenté à la Sorbonne pour un discours sur l'avenir de l'Europe, des centaines d'étudiants se sont rassemblés pour exprimer leur réprobation, non seulement contre sa présence, mais aussi contre sa politique, en particulier en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien.



Ce mouvement de protestation révèle non seulement des frustrations spécifiques, mais aussi un malaise plus large au sein de la jeunesse française, qui se sent déconnectée et souvent trahie par les orientations prises par leurs dirigeants.


Les interviews par Anadolu d'Alexandre et de Karim, deux étudiants de la Sorbonne, lors de cette journée de mobilisation, mettent en lumière des aspects cruciaux de cette fracture.


Soutien à Israël


Alexandre, militant du comité de soutien à la Palestine, à la Sorbonne, critique vigoureusement le soutien français à Israël et la répression des mouvements pro-palestiniens en France:


Nous ne sommes pas d'accord avec le fait que [Macron] vienne ici, notamment par rapport à sa collaboration avec l'entité sioniste et son soutien au génocide à Gaza.

Alexandre dénonce le
"soutien inconditionnel"
apporté par le chef d'État français au gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu,
"au début"
de l'offensive israélienne contre la Bande de Gaza en octobre dernier.

"Même si aujourd'hui, [Macron] veut faire mine d'avoir changé d'avis, il continue"
son soutien, explique-t-il.
"Donc, on s'est regroupé ici pour exprimer notre soutien à la Palestine et notre défiance envers le gouvernement",
ajoute l'étudiant interrogé par Anadolu.

Alexandre fait la liste de ses reproches sur la politique du Président français concernant le Proche-Orient.


Il y a toujours des livraisons d'armes vers Israël. Il y a de la répression envers tout le soutien à la Palestine, que ce soit des syndicalistes, des politiciens, même juste le mouvement étudiant.

"Là, on voit qu'on est encerclé et la police nous empêche de nous exprimer",
déclare Alexandre.

Effectivement, la manifestation devait avoir lieu à la place de la Sorbonne avant que les forces de l'ordre n'empêchent le rassemblement et ne refoulent de force les participants qui se sont retrouvés à la place du Panthéon, comme a pu constater sur place le correspondant d'Anadolu.


Concernant cette interdiction de manifestation près de l'université, Karim, un autre étudiant de la Sorbonne interrogé par Anadolu, a sa petite idée.
"Je pense qu'ils essaient de contenir un peu tout ce qui peut être opposition à Macron, vu que Macron n'a pas trop l'air d'aimer les manifestants".

Donc, je pense qu'ils essaient peut-être de cacher l'opposition pour que Macron puisse s'en aller tranquillement, après avoir fait son discours sur l'Europe [à la Sorbonne], plutôt que de parler de la jeunesse, parler des problèmes de la France.

Parmi ses revendications, Alexandre appelle à
"la libération de Georges Abdallah",
un militant libanais
"qui est enfermé en prison en France depuis plus de 40 ans et qui n'est pas en libéré malgré ce que demande la justice".

Autres préoccupations des étudiants


Karim, pour sa part, apporte un témoignage sur la spontanéité de sa participation à la manifestation, forcée par les circonstances plus que par un militantisme prévu.


Avant de faire sa propre liste de reproches à Emmanuel Macron et à son gouvernement, il explique:


On a vu que c'est une action pour la Palestine. Donc, on s'est rapproché pour voir et puis, après, des policiers nous ont pris à partie avec mes amis, et ils nous ont fait rentrer obligatoirement dans la manifestation.

"Le fait qu'il y ait la précarité étudiante qui explose, le fait qu'il y ait des étudiants qui se fassent déloger de leur Crous pour des jeux olympiques, des étudiants qui sont obligés de faire une queue immense dans le froid pour avoir de la nourriture"
, notamment.

"Mais non, ça n'intéresse pas Macron. Il y a les Jeux olympiques. Pour lui, le plus important, c'est parler d'Europe, évidemment",
déclare-t-il, en référence au discours du chef d'État français, ce jeudi à la Sorbonne, à quelques semaines des élections européennes.


Ces témoignages posent des questions fondamentales sur la place de la jeunesse dans le discours politique français, notamment sur le Proche-Orient. Ils mettent également en évidence un sentiment d'exclusion et de marginalisation parmi les jeunes, qui perçoivent leurs actions et opinions comme étant régulièrement ignorées ou réprimées par l'État.


Situation humanitaire à Gaza


Israël poursuit, depuis octobre 2023, ses bombardements indiscriminés sur la bande de Gaza, alors que l'attention internationale s'est récemment tournée sur le conflit entre Tel Aviv et Téhéran.


Depuis plus de six mois, Israël mène une guerre dévastatrice dans l'enclave palestinienne, qui a fait des dizaines de milliers de victimes civiles, pour la plupart des enfants et des femmes, en plus d'une catastrophe humanitaire sans précédent et d'une destruction massive des infrastructures.


En raison de la guerre et des restrictions israéliennes, la population gazaouie, particulièrement celle des districts de Gaza et du nord de l'enclave palestinienne, est au bord de la famine, tandis qu'une grave pénurie de nourriture, d'eau, de médicaments et de carburant frappe ce territoire à la suite du siège total imposé par Israël.

Le conflit a provoqué le déplacement d'environ deux millions de Palestiniens à l'intérieur de la bande de Gaza, soumise au blocus israélien depuis 17 ans.


Pour rappel, pour la première fois depuis sa fondation en 1948, l'État d'Israël est poursuivi pour crime de génocide devant la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations Unies, pour son offensive meurtrière contre la bande de Gaza. Un arrêt rendu le 26 janvier par la CIJ a ordonné à Tel-Aviv de prévenir la réalisation d'actes susceptibles d'être considérés comme génocidaires et de prendre des mesures pour garantir l'acheminement de l'aide humanitaire aux civils de Gaza.


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