Alors que le chef de l'État français s'est présenté à la Sorbonne pour un discours sur l'avenir de l'Europe, des centaines d'étudiants se sont rassemblés pour exprimer leur réprobation, non seulement contre sa présence, mais aussi contre sa politique, en particulier en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien.
Ce mouvement de protestation révèle non seulement des frustrations spécifiques, mais aussi un malaise plus large au sein de la jeunesse française, qui se sent déconnectée et souvent trahie par les orientations prises par leurs dirigeants.
Les interviews par Anadolu d'Alexandre et de Karim, deux étudiants de la Sorbonne, lors de cette journée de mobilisation, mettent en lumière des aspects cruciaux de cette fracture.
Alexandre, militant du comité de soutien à la Palestine, à la Sorbonne, critique vigoureusement le soutien français à Israël et la répression des mouvements pro-palestiniens en France:
Nous ne sommes pas d'accord avec le fait que [Macron] vienne ici, notamment par rapport à sa collaboration avec l'entité sioniste et son soutien au génocide à Gaza.
Alexandre fait la liste de ses reproches sur la politique du Président français concernant le Proche-Orient.
Il y a toujours des livraisons d'armes vers Israël. Il y a de la répression envers tout le soutien à la Palestine, que ce soit des syndicalistes, des politiciens, même juste le mouvement étudiant.
Effectivement, la manifestation devait avoir lieu à la place de la Sorbonne avant que les forces de l'ordre n'empêchent le rassemblement et ne refoulent de force les participants qui se sont retrouvés à la place du Panthéon, comme a pu constater sur place le correspondant d'Anadolu.
Donc, je pense qu'ils essaient peut-être de cacher l'opposition pour que Macron puisse s'en aller tranquillement, après avoir fait son discours sur l'Europe [à la Sorbonne], plutôt que de parler de la jeunesse, parler des problèmes de la France.
Karim, pour sa part, apporte un témoignage sur la spontanéité de sa participation à la manifestation, forcée par les circonstances plus que par un militantisme prévu.
Avant de faire sa propre liste de reproches à Emmanuel Macron et à son gouvernement, il explique:
On a vu que c'est une action pour la Palestine. Donc, on s'est rapproché pour voir et puis, après, des policiers nous ont pris à partie avec mes amis, et ils nous ont fait rentrer obligatoirement dans la manifestation.
Ces témoignages posent des questions fondamentales sur la place de la jeunesse dans le discours politique français, notamment sur le Proche-Orient. Ils mettent également en évidence un sentiment d'exclusion et de marginalisation parmi les jeunes, qui perçoivent leurs actions et opinions comme étant régulièrement ignorées ou réprimées par l'État.
Israël poursuit, depuis octobre 2023, ses bombardements indiscriminés sur la bande de Gaza, alors que l'attention internationale s'est récemment tournée sur le conflit entre Tel Aviv et Téhéran.
Depuis plus de six mois, Israël mène une guerre dévastatrice dans l'enclave palestinienne, qui a fait des dizaines de milliers de victimes civiles, pour la plupart des enfants et des femmes, en plus d'une catastrophe humanitaire sans précédent et d'une destruction massive des infrastructures.
Le conflit a provoqué le déplacement d'environ deux millions de Palestiniens à l'intérieur de la bande de Gaza, soumise au blocus israélien depuis 17 ans.
Pour rappel, pour la première fois depuis sa fondation en 1948, l'État d'Israël est poursuivi pour crime de génocide devant la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations Unies, pour son offensive meurtrière contre la bande de Gaza. Un arrêt rendu le 26 janvier par la CIJ a ordonné à Tel-Aviv de prévenir la réalisation d'actes susceptibles d'être considérés comme génocidaires et de prendre des mesures pour garantir l'acheminement de l'aide humanitaire aux civils de Gaza.