France: 61 % des services d'urgence ont fermé des lignes médicales durant l'été 2024

13:0117/09/2024, mardi
MAJ: 17/09/2024, mardi
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Un membre du SAMU se dirige vers l'entrée du service des urgences de la Polyclinique de Bordeaux Nord, dans le sud-ouest de la France, le 17 avril 2024.
Crédit Photo : Philippe LOPEZ / AFP / Archive
Un membre du SAMU se dirige vers l'entrée du service des urgences de la Polyclinique de Bordeaux Nord, dans le sud-ouest de la France, le 17 avril 2024.

L'été 2024 a exacerbé la crise des urgences en France, avec des fermetures des lignes médicales et une pénurie de personnel, malgré l'euphorie des Jeux Olympiques.

L'été 2024, porté par l'euphorie des Jeux Olympiques, a mis en lumière la fragilité des services d'urgence et des structures mobiles d'urgence et de réanimation (SMUR) françaises. D'après une enquête menée par SAMU-Urgences de France (SUdF), 61 % des services d'urgence ont dû fermer au moins une ligne médicale entre juillet et août, affectant 84 départements.


Cette situation s'inscrit dans une crise profonde liée à la pénurie de personnel médical et de lits hospitaliers, qui dure depuis plusieurs années. Par voie de communiqué, SUdF alerte sur les graves conséquences de ces fermetures, qui ont touché 202 des 331 établissements sondés, soit près de 48 % des structures d'urgence du pays.

Sur les 202 établissements concernés, 18 % ont fermé plusieurs lignes médicales, avec des répercussions directes sur la prise en charge des patients. En outre, 34 % des services ont dû réguler l'accès aux urgences par le SAMU afin de limiter l'afflux de patients, une mesure qui, selon les médecins interrogés, a réduit de 15 à 20 % les admissions de cas jugés non graves.


Du côté des lits d'hospitalisation, plus de 1500 lits de médecine ou de chirurgie ont été fermés durablement cet été, impactant fortement la prise en charge des patients aux urgences. Les fermetures concernaient principalement les grandes structures, augmentant la tension dans les établissements encore ouverts. Près de 23 % des services de réanimation ont également réduit leur capacité, avec 270 lits fermés.


Les SMUR ont aussi subi des fermetures majeures: 57 % des équipes ont fermé au moins une ligne, privant ainsi 80 départements d'une réponse vitale. Parmi les 221 établissements équipés de SMUR sondés, 10 % n'ont pu maintenir leur seule ligne en fonctionnement. En conséquence, plusieurs territoires sont restés sans couverture médicale d'urgence cet été.


Malgré une relative stabilité par rapport à l'été 2023, 61 % des médecins interrogés estiment que la situation s'est encore dégradée, tandis que 30 % la jugent inchangée.

Les professionnels appellent à une réorganisation territoriale des services d'urgence et à un financement plus adapté aux besoins croissants. SUdF préconise la création de centres de soins primaires pour désengorger les urgences, ainsi qu'une meilleure gestion des lits d'hospitalisation afin de répondre aux besoins pressants de la population.


Cette enquête confirme que, malgré la vitrine sportive des Jeux Olympiques, les services de santé français ont continué de souffrir, rappelant l'urgence d'une réforme structurelle pour éviter une nouvelle crise l'été prochain.


Décès liés à la crise


Le rapport de SAMU-Urgences de France n'évoque pas directement des décès liés à la crise des urgences et des SMUR durant l'été 2024. Cependant, il met en lumière les conséquences graves de la situation, notamment l'augmentation des risques pour les patients en termes de complications sanitaires (comme les infections ou les effets liés à un décubitus prolongé) et la morbi-mortalité due à des délais de prise en charge allongés.


Il souligne que le manque de lits et de personnel peut entraîner des retards critiques dans les soins, augmentant ainsi les risques de complications et de décès pour les patients en situation d'urgence.


Pour rappel, les syndicats du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Nantes avaient dénoncé, en août, le décès de quatre patients cet été en raison de l'engorgement des urgences de l'hôpital.

La crise des urgences ne s'est pas limitée au CHU de Nantes. Le ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention de France, Frédéric Valletoux, avait reconnu auprès du journal Ouest-France qu'une
"cinquantaine d'hôpitaux sont actuellement en tension"
à travers la France.

Il avait toutefois souligné que la situation était meilleure que l'été 2023, notamment grâce aux mesures issues de la mission flash sur les urgences. Ces mesures incluent la revalorisation des gardes de nuit et des heures travaillées les dimanches et jours fériés, qui commencent à
"porter leurs fruits"
, selon le ministre démissionnaire.

Cette déclaration du ministre a toutefois été contestée par les syndicats, estimant que la crise des hôpitaux est plus importante qu'annoncée, sans amélioration remarquée.


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