Exportations de maillons de munitions à Israël: la France évoque des composants destinés à la "réexportation"

10:0027/03/2024, mercredi
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Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu.
Crédit Photo : TOBIAS SCHWARZ / AFP
Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu.

Suite à la publication d'un article par les médias français qui révélait que la France avait expédié à Israël au moins 100.000 maillons M27 pour fusils-mitrailleurs, potentiellement utilisables contre des civils dans la bande de Gaza, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a pris la parole lors d'une conférence de presse ce mardi 26 mars.

En réponse à une question d'Anadolu, Sébastien Lecornu a souligné que:


Le matériel, qui relie chacune des munitions entre elles [...], c'est une licence qui ne concerne que de la réexportation.

Il a ensuite précisé que
"la licence française qui a été donnée ne donne pas droit à l'armée israélienne d'utiliser ces composants."

Le ministre français des Armées a également déclaré à Anadolu que les licences d'exportation font l'objet d'un
"contrôle très rigoureux"
de la Commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG)

Il a expliqué que les règles d'encadrement de ces licences avaient été renforcées
"à l'automne dernier",
conformément aux souhaits du président de la République, Emmanuel Macron, et du ministre des Armées, Sébastien Lecornu.

Le ministre a également fait remarquer:
"Vous avez des licences qui ne concernent que des matériels dont la vocation est à réexportation, c'est-à-dire pas à usage par l'armée israélienne... [Ces matériels ne sont] jamais des armements constitués, toujours des composants, qui peuvent être fournis à des industries israéliennes qui ensuite vendent à des pays tiers."

Concernant les échanges commerciaux, Sébastien Lecornu a tenu à souligner qu'en 2022, les commandes passées par Israël auprès de l'industrie de défense française s'élevaient à 15 millions d'euros.

"La somme de 2023 n'est pas encore complètement stabilisée"
, a-t-il ajouté, faisant référence aux commandes effectivement réalisées. Parmi ces commandes, le ministre a indiqué qu'il y avait des composants sous licence de réexportation et d'autres destinés à
"des systèmes purement défensifs"
, comme certains éléments du Dôme de fer israélien, un système de défense anti-aérienne.

Lecornu a souligné:


Évidemment, pour le coup, les composants pour le Dôme de fer n'ont pas lieu de faire l'objet d'une licence d'interdiction puisqu'on est sur un matériel comme vous le savez, qui est strictement défensif et qui n'intervient pas dans la bande de Gaza.

Question d'Anadolu


Pour rappel, jeudi 22 mars, Anadolu (AA) a de nouveau interrogé le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, Christophe Lemoine, sur les exportations françaises d'armes vers Israël alors que ce pays continue ses bombardements indiscriminés sur la bande de Gaza, en Palestine.


Le correspondant d'AA a rappelé le manque de transparence à propos des équipements militaires vendus par Paris à Tel Aviv, ainsi que la décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) relative au
"risque plausible de génocide"
, prise le 26 janvier dernier.

"Encore une fois, la France dispose d'un mécanisme d'autorisation et d'exportation des matériels de guerre qui est extrêmement rigoureux et qui repose sur un examen interministériel minutieux, au cas par cas, et sur la base de différents critères, notamment ceux définis par le Traité sur le commerce des armes",
avait réitéré Christophe Lemoine, au correspondant d'Anadolu.

"Le respect des Droits de l'homme et du droit international et humanitaire par le pays destinataire, de même que les conséquences pour la paix, font partie des critères qui sont pris en compte dans le cadre de cet examen",
a, ensuite, tenu à souligner le porte-parole du Quai d'Orsay.

C'est ce que je vous disais la dernière fois: historiquement, la France est un partenaire marginal d'Israël en matière d'équipement de défense.

"Et, pour l'année 2022, le montant des exportations représente 0,1 % du montant total de ce que nous exportons en termes de matériel de guerre pour la même année".

L'article, publié lundi par Disclose, faisait état d'une livraison de maillons M27, servant à relier entre elles des balles de fusils-mitrailleurs, envoyés par la société française Eurolinks à la société israélienne IMI Systems depuis le port de Marseille.

Bombardements israéliens sur Gaza


Depuis le 7 octobre 2023, l'armée israélienne pilonne la bande de Gaza. La guerre menée par Tel Aviv a tué plus de 32 000 Palestiniens, dont la majorité sont des enfants et des femmes, et en a blessé plus de 74 000 autres, selon les derniers bilans communiqués par le ministère de la Santé de Gaza.


Pour la première fois depuis sa fondation en 1948, l'État d'Israël est poursuivi pour crime de génocide devant la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations Unies, pour son offensive meurtrière contre la Bande de Gaza. Un arrêt rendu en janvier par la CIJ a ordonné à Tel-Aviv de prévenir la réalisation d'actes susceptibles d'être considérés comme génocidaires et de prendre des mesures pour garantir l'acheminement de l'aide humanitaire aux civils de Gaza.


Cette offensive a provoqué une catastrophe humanitaire, d'énormes destructions des infrastructures, dont les hôpitaux et les écoles, une famine qui ravage désormais de nombreuses régions de l'enclave palestinienne, ainsi qu'une catastrophe sanitaire majeure, selon les organisations onusiennes.

Les bombardements israéliens indiscriminés ont également causé des destructions massives et des pénuries de produits de première nécessité. Ces attaques ont poussé 85 % de la population de l'enclave palestinienne à se déplacer à l'intérieur du pays, notamment vers la ville de Rafah, au sud du territoire, elle-même menacée d'une attaque d'ampleur par le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.


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