Crédit Photo : Kazuhiro NOGI / POOL / AFP
Le président indonésien, Joko Widodo.
Le président indonésien Joko Widodo ne peut pas se représenter à l'élection présidentielle de février, mais avec son fils aîné candidat à la vice-présidence, les observateurs lui reprochent d'user de son influence pour construire sa dynastie politique dans l'archipel.
Après une ascension fulgurante et deux mandats à la tête de l'Indonésie, le président aux origines modestes, surnommé
, reste immensément populaire, plus des trois quarts des Indonésiens approuvant son règne, selon des sondages.
Fort de cette popularité, le chef de l'État sortant est accusé de peser sur le scrutin en installant ses fils dans les hautes sphères politiques, en particulier l'aîné Gibran Rakabuming Raka, 36 ans, colistier du favori pour la présidence, le ministre de la Défense Prabowo Subianto.
Or la candidature du plus jeune postulant à la vice-présidence a été rendue possible par une décision de la Cour Constitutionnelle, présidée par le beau-frère de Joko Widodo, abaissant l'âge minimum des candidats ayant déjà effectué un mandat local.
En outre, le plus jeune fils du chef de l'État s'est hissé comme président du Parti de la solidarité indonésienne, malgré son manque d'expérience.
"Il est évident qu'il s'agit d'une dynastie politique en devenir"
, estime Made Supriatma, expert politique à l'Institut ISEAS-Yusof Ishak, basé à Singapour.
Des accusations que le président sortant nie, assurant de son impartialité et proclamant en octobre que le choix du futur dirigeant
.
Mais ses actes font craindre que le président de près d'une décennie ne cherche à continuer à peser sur la scène politique indonésienne, déjà dominée par des élites dynastiques depuis la chute du dictateur Suharto en 1998.
Le favori Prabowo est l'ex-gendre de Suharto, et Megawati Sukarnoputri, la dirigeante du parti PDI-P, la principale force politique en Indonésie, est la fille du premier président indonésien Sukarno.
Ses détracteurs reprochent aussi à Jokowi de s'attaquer aux réformes démocratiques depuis que la plus grande économie d'Asie du Sud-Est a émergé de la dictature à la fin des années 1990.
"Les signes d'importantes interventions sont très visibles. Jokowi a un intérêt" dans le scrutin. "S'ils perdent (Prabowo-Gibran), ce sera la fin de Jokowi"
, ajoute M. Supriatma.
En tête des sondages, Prabowo Subianto est crédité de 45,8% des voix, selon l'institut Indikator Politik Indonesia, soit plus de 20 points d'avance sur son plus proche rival, l'ancien gouverneur de Jakarta Anies Baswedan.
Le ministre de la Défense, 72 ans, avait déjà perdu à deux reprises face à Joko Widodo. Mais le PDI-P (Parti démocratique indonésien de lutte) n'a pas caché son mécontentement. Son candidat, Ganjar Pranowo, l'ex-gouverneur de Java centre, qui arrive troisième dans les sondages, n'a pas reçu le soutien du président sortant.
À l'issue du deuxième débat présidentiel du 7 janvier, au cours duquel Anies s'en est pris à Prabowo, l'accusant d'être propriétaire de terrains à Bornéo, près de la nouvelle capitale indonésienne Nusantara, Jokowi a pris la défense de son ministre de la Défense, jugeant le débat
"pas très instructif pour les téléspectateurs".
Il a ainsi déploré que l'échange entre les deux candidats ait porté sur une
"affaire personnelle qui n'a rien à voir avec le débat (...) axé sur les relations internationales, la géopolitique et la défense"
.
Il a également pris sa défense après son plan de paix controversé pour l'Ukraine.
Le président et son ministre ont été vus lundi en train de manger ensemble, dans une scène que des médias indonésiens ont qualifiée de
.
Le palais présidentiel et l'équipe Prabowo-Gibran n'ont pas répondu aux demandes de commentaires de l'AFP.
Mais l'ancien ambassadeur indonésien en Tunisie, Ikrar Nusa Bhakti, estime que le président aurait dû attendre avant de lancer sa progéniture dans la course.
"C'est vraiment dommage. (Gibran) pourrait d'abord être gouverneur. Si c'était le cas, je suis certain que non seulement l'héritage de Jokowi serait politiquement intact, mais cela n'aurait pas provoqué d'agitation politique"
.
"Il est profondément injuste que le tapis rouge soit déroulé à certains candidats et que d'autres doivent marcher sur un chemin semé d'embûches"
, a-t-il ajouté, faisant notamment référence à des banderoles en faveur d'Anies arrachées.
Sarcastique, l'ex vice-président Jusuf Kalla a déclaré lors d'un talk-show en octobre qu'il s'agirait d'une élection
en raison de la présence de Widodo Junior dans la course.
"Nous aussi, les hommes d'affaires aimeraient que leurs enfants prospèrent"
, a-t-il dit,
"malheureusement il n'y a qu'un seul président"
.
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