Le texte, adopté début mai sous l'impulsion du gouverneur républicain et candidat probable à la Maison Blanche, Ron DeSantis, vise notamment à empêcher l'embauche de personnes sans-papiers.
A partir du 1er juillet, les entreprises de plus de 25 salariés devront ainsi vérifier sur une base de données fédérale le statut juridique des personnes qu'elles souhaitent embaucher. Le non-respect de cette obligation et l'embauche d'un immigré en situation irrégulière seront passibles de lourdes amendes.
M. Perez, 40 ans, travaille et vit aux Etats-Unis depuis vingt ans mais craint de ne plus pouvoir le faire. Comme beaucoup, il a quitté son Mexique natal à la recherche d'une meilleure situation économique. Il a été maçon jusqu'à ce qu'une blessure le force à changer d'emploi.
Il vit avec son épouse nicaraguayenne et son neveu par alliance, Joel Altamirano, dans le centre de Miami. Les trois travaillent sans autorisation légale.
Le gouvernement nous traque chaque jour davantage. Cette fois-ci, le traitement est sans pitié. Nous ne valons déjà pratiquement plus rien.
En Floride, résident quelque 772.000 immigrants sans-papiers, selon une estimation du Migration Policy Institute.
Elle va à l'encontre de ce que nous savons être bon pour l'économie et aura des effets dévastateurs pour la Floride.
La nouvelle loi pourrait causer une perte de 12,6 milliards de dollars en un an pour l'économie du "Sunshine State" en raison de la réduction de la main d'oeuvre, des dépenses des immigrés illégaux et des impôts qu'ils paient, d'après l'ONG Florida Policy Institute.
L'incertitude créée par ce changement législatif a déjà un impact sur le marché du travail, même s'il n'est pas encore entré en vigueur.
Ron DeSantis, étoile montante de la droite dure, applique en Floride son agenda conservateur à coups de lois restrictives sur l'enseignement sur le racisme, le genre ou encore l'avortement, dans l'espoir que ces prises de positions lui donnent un avantage sur l'ancien président Donald Trump, s'il venait à le défier pour l'investiture républicaine de 2024.
Le gouverneur, qui accuse le démocrate Joe Biden de négliger la frontière sud des Etats-Unis, présente sa nouvelle loi sur l'immigration comme une mesure nécessaire pour lutter contre la délinquance et le narcotrafic, liés selon lui à l'arrivée des migrants sans-papiers.
MM. Perez et Altamirano déplorent eux que les autorités les assimilent à la criminalité et ont le sentiment d'être les victimes des ambitions de M. DeSantis.
Avec cette loi, ils risquent d'être forcés à quitter à leur tour la Floride et reconstruire leur vie ailleurs.
Pour l'instant, ils n'envisagent pas de rentrer de leurs pays respectifs. Plusieurs membres de leurs familles dépendent d'eux, et pour Joel Altamirano entre aussi en jeu la crainte de vivre à nouveau dans le Nicaragua autoritaire de Daniel Ortega.
Benjamin Perez voudrait que le pays pour lequel il a travaillé tant d'années, reconnaisse un jour son existence.