Crédit Photo : Présidence Égyptienne /
Le président de la République d'Égypte, Abdelfattah Elsissi.
S'il était présenté comme un "héros" il y a près de 11 ans à la chute des Frères musulmans, aujourd'hui, le président Abdel Fattah al-Sissi entame un troisième mandat à la tête d'un pays dont l'économie à genoux nourrit la grogne populaire.
En juillet 2013, en uniforme militaire et avec des lunettes noires, M. Sissi appelait les Égyptiens à lui donner
pour vaincre Mohamed Morsi et se faisait aisément élire à sa place l'année suivante.
Diplômé de l'Académie militaire en 1977, l'homme de petite taille, décrit comme pieux par son entourage, a ensuite étudié en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Il s'est forgé comme officier dans l'armée, puis à la tête des renseignements militaires, une réputation d'homme fort, imperturbable.
Un an avant son accession à la présidence, c'est en tant que chef de l'armée et ministre de la Défense qu'il avait piloté la destitution de M. Morsi, à la faveur de manifestations de masse.
En décembre, il a mené ce qui doit être sa dernière campagne électorale. Il l'a emporté avec 89,6% face à trois candidats quasi-inconnus du grand public après que les deux opposants les plus en vue ont été écartés et inquiétés par la justice.
Mais cette fois-ci, l'enfant du quartier de Gamaliya, dans le Vieux Caire, père de quatre enfants dont l'un, Mahmoud, est réputé influent au sein des renseignements, n'a pas pu ressusciter l'enthousiasme des débuts.
Pendant une décennie, il a été pour la majorité
qui a vaincu le
comme le rappelait un feuilleton du ramadan 2022 dont il a personnellement récompensé les acteurs.
Mais aujourd'hui, avec une inflation à plus de 35%, sa base populaire s'est étiolée.
Il la fait désormais bondir quand il raconte sa version de l'été 2013:
"je n'ai pas trouvé un pays mais du n'importe quoi et on m'a dit 'tiens, prends ça!'".
Une formule qui a heurté le nationalisme populaire et qui alimente l'exaspération de 106 millions d'habitants déjà aux deux tiers sous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté.
Lui, il distille sur un ton paternaliste ses conseils économiques, proposant aux étudiants de
"donner régulièrement leur sang"
pour gagner de l'argent et aux femmes, dans un grand éclat de rire,
"de ne pas mettre beaucoup de sucre"
sur les pâtisseries du ramadan en pleine pénurie de cette denrée en Égypte.
Ses soutiens étrangers sont eux face à un dilemme: sa gestion économique a vu la valeur de la monnaie divisée par trois et la dette multipliée par autant, mais laisser le plus peuplé des pays arabes couler n'est pas une option.
Au premier trimestre 2024, Le Caire a reçu plusieurs dizaines de milliards de dollars, mais assortis de conditions de plus en plus drastiques.
Malgré tout, l'homme tient à ses méga-projets: la Nouvelle capitale en construction depuis 2015 dans le désert en bordure du Caire est la marque qu'il veut laisser.
L'ex-maréchal de 69 ans dirige
"seul et est désormais le seul pointé du doigt",
indique Hossam Bahgat, l'un des défenseurs des droits humains les plus influents d'Égypte.
"Mais détruire toutes les institutions, les canaux et les plateformes"
de la société civile,
"va se retourner contre lui",
prévient M. Bahgat:
"il n'y a plus aucun moyen pour la population d'exprimer sa contestation de façon organisée donc tout le monde attend l'explosion".
Dans un pays où les manifestations monstres ont déjà renversé deux présidents ces 15 dernières années, les appels à défiler sont désormais extrêmement rares, mais le déploiement policier, lui, est constant.
M. Sissi, que l'ancien président américain Donald Trump appelait, selon des fuites, son
est régulièrement épinglé par les ONG pour les milliers de détenus politiques ou les arrestations pour des écrits en ligne dénonçant l'inflation, par exemple.
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