RDC: À l'Est, cri d'alarme face à la déforestation d'un parc national

15:2625/07/2024, jeudi
MAJ: 25/07/2024, jeudi
AFP
Un garde forestier du parc national de Kahuzi-Biega visite les zones dévastées du parc, le 30 septembre 2019.
Crédit Photo : ALEXIS HUGUET / AFP (Archive)
Un garde forestier du parc national de Kahuzi-Biega visite les zones dévastées du parc, le 30 septembre 2019.

Sanctuaire des derniers gorilles des plaines orientales, le parc national de Kahuzi-Biega (PNKB), dans la province du Sud-Kivu, subit une déforestation à grande échelle, du fait notamment des violences armées dans l'est de la République démocratique du Congo, alertent des organisations locales.

Sciés puis débités en planches ou transformés en charbon de bois, quelque 1.500 arbres sont abattus chaque mois dans le parc, ont déploré dans un récent rapport la Synergie des organisations de la société civile pour la promotion des droits humains et l'environnement (SYDHE) et l'Institut pour la gouvernance et l'éducation électorale (IGE).


Transportés dans des véhicules privés, à moto ou sur la tête, les planches et sacs sont acheminés vers Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, mais aussi en bateau via le lac Kivu vers Goma, dans la province voisine du Nord-Kivu.


La pression démographique est pointée comme la principale cause du déboisement, mais la situation s'est aussi aggravée avec la dégradation de la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu.

"Plusieurs endroits des territoires de Masisi et de Rutshuru sont occupés (par la rébellion du M23, active depuis fin 2021) et, pour se procurer du bois, la population n'a d'autre alternative que le parc de Kahuzi-Biega",
indique à l'AFP Patrice Lwabaguma, un des auteurs du rapport.

Innocent Bayubasire, chef de bureau à la coordination provinciale de l'environnement et du développement durable, assure que des "contrôleurs forestiers" ont été déployés dans les territoires riverains du parc.
"Au village de Kasheke, par exemple, ils ont arraisonné en mai trois bateaux transportant 8.900 sacs de braise et deux pirogues motorisées chargées de plus de 700 sacs",
a-t-il précisé.

"L'exploitation minière illégale et la carbonisation figurent parmi les grands dangers qui affectent l'intégrité écologique"
du parc, a réagi la direction du PNKB, sollicitée par l'AFP. "
La période de 2019 à 2023 constitue le pic de la déforestation, avec un taux en constante augmentation",
précise le parc, dans un texte signé de son directeur Arthur Kalonji Mulamayi.

Les zones touchées
"sont occupées par des personnes armées ou protégées par des groupes armés qui y pratiquent la carbonisation, la coupe de bois d'œuvre et l'exploitation minière illégale à grande échelle",
déplore-t-il.

"Le Parc et ses partenaires"
ont entrepris des actions auprès des autorités en vue de
"neutraliser ces personnes qui détruisent le Parc",
assure encore sa direction.
"Parallèlement, le Parc mène des campagnes de sensibilisation auprès des communautés riveraines"
pour les convaincre de
"l'importance de préserver cette richesse naturelle".

D'une superficie de 6.000 km², le PNKB, qui abrite les derniers gorilles des plaines de l'Est (graueri), a été classé patrimoine mondial en péril en 1997.


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