Dakar: des milliers de Sénégalais marchent pour exiger un scrutin présidentiel avant le 2 avril

09:2618/02/2024, Pazar
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Des groupes de la société civile et des groupes politiques tenant des pancartes lors d'une marche appelant les autorités à respecter la date de l'élection, à Dakar, le 17 février 2024. Le 16 février 2024, le Conseil constitutionnel sénégalais a annulé le report de l'élection présidentielle de ce mois-ci, une décision historique qui ouvre un champ d'incertitude pour ce pays traditionnellement stable d'Afrique de l'Ouest. La décision du président Macky Sall, au début du mois, de reporter le scrutin du 25 février a plongé le Sénégal dans sa pire crise depuis des décennies, suscitant un tollé général et des manifestations meurtrières.
Crédit Photo : JOHN WESSELS / AFP
Des groupes de la société civile et des groupes politiques tenant des pancartes lors d'une marche appelant les autorités à respecter la date de l'élection, à Dakar, le 17 février 2024. Le 16 février 2024, le Conseil constitutionnel sénégalais a annulé le report de l'élection présidentielle de ce mois-ci, une décision historique qui ouvre un champ d'incertitude pour ce pays traditionnellement stable d'Afrique de l'Ouest. La décision du président Macky Sall, au début du mois, de reporter le scrutin du 25 février a plongé le Sénégal dans sa pire crise depuis des décennies, suscitant un tollé général et des manifestations meurtrières.

Des milliers de Sénégalais ont répondu, samedi, à l'appel à mobilisation de la plateforme ‘'Aar Sunu Election'' (Protégeons notre élection- regroupant des organisations de la société civile) pour manifester en faveur de la tenue de la présidentielle dans les meilleurs délais tel que décidé par le Conseil constitutionnel, soit avant le 2 avril 2024.

Vêtus en majorité aux couleurs nationales (vert jaune rouge) et brandissant des pancartes avec des inscriptions comme "Free Sénégal", "Non au coup d'État constitutionnel" ou encore "Terminus 2 avril 2024", les manifestants ont été encadrés par des éléments des forces de défense et de sécurité le long du trajet entre le Rond-point Sipres, sur la voie de dégagement nord et le quartier Liberté VI, dans la capitale sénégalaise.


Il s'agit de la première manifestation de rue autorisée au Sénégal depuis des mois.

"Aar Sunu Election appelle au maintien de la mobilisation citoyenne afin de pousser au respect du calendrier électoral tel que défini dans la Constitution du Sénégal",
a souligné Moundiaye Cissé, membre de collectif citoyen.

"Que Macky Sall fixe la date de l'élection au plus vite, en accord avec toutes les parties prenantes du processus électoral, conformément à la décision du Conseil constitutionnel. Le 2 avril 2024, il ne sera plus président du Sénégal",
a indiqué Aliou Sané, le coordonnateur du mouvement "Y'en a marre", élargi de prison il y a juste deux jours.

"C'est le peuple qui est dans la rue et c'est la preuve que ce que Macky Sall est en train de faire indispose le peuple. Qu'il organise le scrutin avant le 2 avril ; c'est ce que le Conseil constitutionnel a dit et il doit le faire"
, a souligné, de son côté, Makhtar Fall dit ‘'Gunman Xuman'', un des pionniers du rap sénégalais.

Programmée pour être silencieuse, la marche a toutefois été animée en slogans. ‘"Aar Sunu Election, Aar Sunu Election'" ont scandé les participants à la marche qui a enregistré la présence de plusieurs figures politiques.


‘"Libérez Sonko - Sonko nam negn là" (on a hâte de te revoir) a aussi été repris en chœur à plusieurs reprises par des marcheurs acquis à la cause du principal opposant à Macky Sall.


"Macky Sall a dit qu'il va faire exécuter la décision du Conseil constitutionnel, on espère qu'il va le faire le plus tôt possible'',
a insisté Aliou Mamadou Dia, candidat à la présidentielle.

Selon lui, il n'y a plus lieu de tenir un dialogue comme le souhaitait le président Sall.
"Il n'a qu'à organiser l'élection avant la fin de son mandat et son successeur fera le nécessaire en ce sens pour amorcer un dialogue afin de stabiliser le climat social"
, a insisté Dia.

Statuant suite à des recours introduits par des candidats à la présidentielle et des députés, le Conseil constitutionnel a cassé jeudi le décret du 3 février abrogeant un précédent convoquant le corps électoral pour le scrutin du 25 février et déclaré
"contraire à la Constitution"
la loi parlementaire remettant le scrutin présidentiel au 15 décembre 2024 et prorogeant le mandat du président Sall jusqu'à la passation de pouvoir avec son successeur.

La Haute juridiction a indiqué que le scrutin doit se tenir avant la fin du mandat en cours.

Dans un communiqué de la présidence de la République publié vendredi, le président Sall a dit prendre acte de la décision du conseil constitutionnel et s'est engagé à la faire pleinement exécuter.


Les premières manifestations d'envergure contre le report de la présidentielle ont éclaté à partir du 9 février dans plusieurs localités du pays et ont fait 3 morts.

Depuis jeudi après-midi, plus de 200 détenus issus de la société civile et de l'opposition (le parti Pastef de Sonko principalement) ont bénéficié d'une liberté provisoire. Une action s'inscrivant dans la volonté du président Sall de pacifier le pays suite à la crise née du report de la présidentielle.


Vingt candidats sont en lice pour la présidentielle à laquelle ne prend pas part le président sortant. Le mandat de Macky Sall arrive à terme le 2 avril.


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