Héros pour certains, complotiste grossier pour d'autres, l'animateur de talk-show le plus controversé de Corée du Sud a retrouvé ses fans sur YouTube, après que son émission à succès a été retirée des ondes.
Depuis 2016, l'émission "News Factory" de Kim Ou-joon, diffusée par la radio TBS, qui dépendait des subventions de la municipalité de Séoul, était la plus écoutée de la capitale.
L'un des animateurs les mieux payés du pays, M. Kim y dénonçait "sans complexe" les conservateurs.
Aussi lorsqu'une administration conservatrice a pris le pouvoir à Séoul en mai 2022, la situation s'est compliquée pour lui.
Succès sur YouTube
L'animateur a donc démissionné et transféré son émission sur YouTube même nom, même format, même heure où elle a attiré 1,2 million d'abonnés dès le premier mois, devenant l'une des plus rentables de la plateforme, et ce grâce aux dons.
Selon les données de YouTube, M. Kim attire quelque 200.000 internautes simultanément, pendant que l'audience globale de TBS a chuté depuis son départ.
Le langage fleuri employé par Kim pour parler de la politique sud-coréenne a fait un tabac, notamment auprès des jeunes. Il a pu tirer parti de son succès pour conclure un accord avec TBS en 2016.
Son ascension a coïncidé avec un désenchantement à l'égard des médias traditionnels en Corée du Sud, qui en 2022 se classait 40e sur 46 pays en matière de confiance du public dans le journalisme, selon l'Institut Reuters de l'Université d'Oxford.
Il accuse les médias conservateurs de passer sous silence les actes répréhensibles commis par les membres du parti au pouvoir.
Mais il pense que le fait d'avouer publiquement ses penchants politiques signifie que ses auditeurs peuvent lui faire confiance.
Complotiste?
Ses détracteurs lui reprochent de promouvoir des théories du complot farfelues, allant de l'insinuation que l'élection présidentielle de 2012 a été truquée à la suggestion que des victimes de MeToo pourraient être utilisées pour cibler des politiciens progressistes.
La Corée du Sud se classe juste derrière les Etats-Unis dans le classement mondial de la liberté de la presse, mais des groupes locaux ont mis en garde contre le recul des médias indépendants sous le président conservateur Yoon Suk-yeol.