Crédit photo: Luis ACOSTA / AFP
Des experts et ministres du monde entier se réunissent jeudi et vendredi à Panama pour la 8e conférence annuelle "Notre Océan" qui ambitionne de donner un cadre à l'"économie bleue" pour l'exploitation durable et la protection des mers.
Quelque 600 délégués de gouvernements, d'entreprises et d'ONG vont plancher pendant deux jours sur les moyens d'élargir les zones marines protégées, réduire la pollution par les plastiques, combattre la pêche illégale et encadrer l'exploitation minière sous-marine, expose à l'AFP la spécialiste de biologie marine Shirley Binder, qui fera partie de la délégation panaméenne.
"Nous espérons que plus de 300 nouveaux engagements"
seront pris pour la protection des ressources marines
"à court, moyen et long terme"
, assortis de
"la mobilisation de ressources"
financières publiques et privées, indique la vice-ministre panaméenne des Affaires étrangères Yill Otero.
"Nous aimerions voir la consolidation d'une gouvernance dans les eaux hors des juridictions nationales"
, explique à l'AFP Juan Manuel Posada, de l'ONG MarViva, qui souligne que la majorité de la pêche illégale est pratiquée en haute mer.
"Cette réunion est la plus importante de toutes les réunions internationales"
car elle aborde tous les sujets qui touchent à l'océan dans son ensemble, qui couvre près des trois quarts de la planète, relève Maximiliano Bello, de l'ONG Mission Blue.
Déjà, le Centre des conventions de Panama, où se tiendra la conférence, non loin du canal transocéanique, a accueilli en novembre la 19e Convention sur le commerce international d'espèces menacées (Cites) qui a adopté un accord historique de protection des requins.
Les conférences
(Notre Océan) ont été lancées en 2016 à l'initiative de John Kerry, à l'époque chef de la diplomatie américaine et aujourd'hui envoyé spécial de la Maison Blanche pour le climat.
"Our Ocean, c'est le bébé de John Kerry"
, qui doit assister à la conférence avec l'océanographe américaine Sylvia Earle, qui a dirigé plus de 100 expéditions océaniques en près de 60 ans de carrière et fondé l'ONG Mission Blue, souligne Maximiliano Bello.
John Kerry et Sylvia Earle
"ont essayé de changer le concept selon lequel il y a plusieurs océans, car en réalité il y a un seul océan qui se répartit sur toute la planète"
, explique M. Bello:
"le requin, la baleine et beaucoup d'autres espèces se déplacent dans cet océan commun car ils ne voient pas la différence entre les différents océans"
définis par les humains.
Au-delà des débats d'experts, la conférence permet l'expression de la
des Etats.
"La conférence Our Ocean est un élément-clé pour réaffirmer la volonté politique en matière d'action pour les océans"
, assure à l'AFP Courtney Farthing, de l'ONG Global Fishing Watch. Les gouvernements devraient commencer par
"publier les données clés de l'activité humaine en mer"
pour pouvoir mieux
les actions à entreprendre, recommande-t-elle.
Outre la surpêche et la pollution, les défenseurs de l'environnement s'inquiètent de la volonté affichée par des multinationales d'exploiter les ressources minières sous-marines.
Parmi les minerais convoités pour la fabrication de batteries électriques figurent notamment les nodules de manganèse.
"Pour le moment il n'y a pas vraiment d'extraction à grande échelle, mais il y a des avancées technologiques importantes pour pouvoir éventuellement extraire des minerais, notamment des terres rares"
, s'inquiète M. Bello.
Les délégués à la conférence n'adopteront pas des accords, ni ne voteront des motions, mais annonceront des
volontaires de leurs pays: le Panama, par exemple, doit annoncer l'élargissement de la zone protégée de "Banco Volcan" créée en 2015 dans les Caraïbes.
"Nous souhaitons voir des déclarations pour que les pays atteignent les 30% de zones protégées de leur surface maritime avant la date prévue"
de 2030 par la COP15 sur la biodiversité, avance Juan Manuel Posada de l'ONG MarViva.
"Il faut moins parler et agir davantage: le temps de parole est épuisé et ce que nous devons faire c'est agir chaque fois plus vite et de manière plus concrète si nous voulons sauver notre planète"
, avertit le ministre panaméen pour le Développement agricole Augusto Valderrama.
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