Dans le nord ivoirien, solidarité et hospitalité pour les réfugiés du Burkina voisin

La rédaction
11:241/10/2024, mardi
AFP
Des réfugiés du Burkina Faso font la queue pour recevoir une petite allocation mensuelle distribuée conjointement par le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au camp de réfugiés de Niornigue, dans la ville de Ouangolodoudou, au nord de la Côte d'Ivoire, le 25 septembre 2024.
Crédit Photo : Issouf SANOGO / AFP
Des réfugiés du Burkina Faso font la queue pour recevoir une petite allocation mensuelle distribuée conjointement par le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au camp de réfugiés de Niornigue, dans la ville de Ouangolodoudou, au nord de la Côte d'Ivoire, le 25 septembre 2024.

"Ici, on a un toit et la sécurité". Poussés hors de leur pays par les attaques terroristes, des dizaines de milliers de Burkinabè ont trouvé refuge dans le nord de la Côte d'Ivoire, dans des sites d'accueil ou chez des habitants.

En périphérie de Ouangolodougou, le centre de Niornigué ressemble davantage à un petit village organisé qu'à un camp de réfugiés. Ici, pas de tentes, mais un millier de maisons en brique de terre cuite, aux toits de tôle ondulée, alignées sur une dizaine d'hectares.


Plus de 6.000
"demandeurs d'asile",
la Côte d'Ivoire ne les reconnaît pas comme réfugiés, y sont hébergés, principalement des éleveurs Peuls qui ont dû laisser leurs biens et leur bétail derrière eux.
"Depuis qu'on est arrivé, on a été bien accueilli, on se sent bien ici",
explique Adama Maïga, allaitant son bébé né un mois plus tôt sur le site.

Chaque famille dispose d'un
"abri",
avec une chambre et un petit salon. Une aire de jeux avec quelques balançoires jouxte une place où un petit marché se tient quotidiennement, et quatre pompes mécaniques fournissent l'eau.

Les femmes et les enfants représentent la majorité de la population de Niornigué, encore traumatisée par les violences des terroristes.


Depuis près de dix ans, le Burkina Faso est en proie aux violences de groupes terroristes liés à Al-Qaïda ou à Daesh, qui ont fait des milliers de morts.


"Beaucoup de femmes ont perdu leurs maris là-bas",
confie Fatou (nom modifié), dont l'époux a été tué par des hommes armés, depuis l'entrebâillement de son abri.

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En ce mercredi pluvieux, c'est
"jour de paie"
pour chaque demandeur d'asile, qui reçoit une aide mensuelle de 5.000 francs CFA (7,5 euros), distribuée par le Programme alimentaire mondial (PAM), pour acheter de la nourriture. Plusieurs centaines de personnes font la queue pour présenter leur carte de demandeur d'asile et recevoir la somme.

"Avec ça, je vais pouvoir acheter de la nourriture pour les enfants, peut-être un sac de riz de 50 kg",
explique Amadou Barry, qui repart avec 30.000 francs (45 euros) pour sa famille de six personnes.

Cependant, cette somme, souvent leur unique ressource, a récemment été divisée par deux en raison de l'afflux de demandes.
"Ici, on a un toit et la sécurité, mais les ressources se font rares et nous n'avons pas de travail, alors les enfants vont en ville pour rapporter un peu d'argent",
raconte Fatou.

Le gouvernement ivoirien a financé quasi intégralement la construction de ce site ainsi qu'un autre, près de Bouna. "
Nous n'étions pas obligés de le faire, mais la Côte d'Ivoire est un pays d'hospitalité",
explique Paulin Yéwé, conseiller défense et sécurité auprès de la présidence ivoirienne.

Ces infrastructures permettent de mieux coordonner l'assistance et d'éviter des conflits entre éleveurs et agriculteurs.


Élan de générosité


Cependant, les personnes hébergées à Niornigué ne représentent qu'une fraction des 66.000 réfugiés recensés, selon le HCR. La majorité est accueillie par des familles locales, comme à Ouangolo, située au carrefour du Burkina et du Mali.


Ibrahima Touré, un
"tuteur",
explique avoir hébergé jusqu'à 30 personnes dans sa cour pendant plus de sept mois.
"Les réfugiés du Burkina sont nos parents. On les accueille car c'est la crise chez eux",
explique Djibril Barry, un autre tuteur.

Malgré leurs maigres moyens, les habitants de ces régions continuent d'accueillir ces réfugiés, avec l'aide du gouvernement ivoirien et des institutions internationales comme le HCR.

Le rêve de la plupart de ces demandeurs d'asile : trouver un petit champ à cultiver et envoyer leurs enfants à l'école.


"Ici, au moins, on ne me tue pas"
, résume Saïdou, arrivé l'an dernier en Côte d'Ivoire.

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