Le leader sécessionniste serbe bosniaque Milorad Dodik s'adresse à ses partisans lors du rassemblement "Srpska Is Calling You", à Banja Luka, le 18 avril 2024.
Le chef politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, a déclaré samedi que le génocide de Srebrenica était une "imposture", en critiquant un projet de résolution en cours de préparation à l'Assemblée générale de l'ONU qui provoque la colère en Serbie et dans l'entité serbe de Bosnie.
"Srebrenica (...) est une imposture imaginée dès le début car les Américains et certains autres en avaient besoin pour justifier leurs bombardements (des positions militaires des Serbes de Bosnie pour mettre fin à la guerre des années 1990, ndlr)",
a déclaré Milorad Dodik, lors d'une commémoration à Banja Luka (nord) dédiée aux combattants serbes bosniens morts pendant ce conflit.
M. Dodik, qui est président de la Republika Srpska, l'entité des Serbes de Bosnie, a plusieurs fois nié ces derniers temps que ce massacre était un acte de génocide et diminué le nombre de victimes.
Dans ce massacre, commis en juillet 1995, les forces serbes de Bosnie ont tué dans les alentours de cette ville de Bosnie orientale plus de 8.000 hommes et adolescents bosniaques (musulmans).
Ce crime a été qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) et la Cour internationale de Justice (CIJ). C'est le pire crime commis pendant la guerre intercommunautaire de Bosnie (1992-95), qui a fait près de 100.000 morts.
Selon le projet de résolution initié par l'Allemagne et le Rwanda, le 11 juillet deviendrait la
"Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide de Srebrenica"
dès le 11 juillet 2025, à l'occasion du 30e anniversaire du massacre.
Le vote devrait avoir lieu dans les prochains jours.
Les dirigeants de l'entité serbe de Bosnie et de la Serbie admettent qu'un "crime horrible" a été commis à Srebrenica mais rejettent la qualification de génocide.
Lors d'un rassemblement en avril à Banja Luka, Milorad Dodik avait déclaré que
"l'opération de l'armée de la Republika Srpska en juillet 1995 à Srebrenica a été une erreur"
. Avant d'ajouter :
Mais ça n'a pas été un génocide.
Samedi matin, le Premier ministre serbe Milos Vucevic a affirmé sur une chaîne de télévision que l'objectif de la résolution était de
"désigner le peuple serbe comme exécuteur du génocide"
et de lui imposer une
"responsabilité collective".
Le texte, qui condamne
"toute négation du génocide de Srebrenica en tant qu'événement historique"
, n'évoque pas le peuple serbe. La Serbie ou la Republika Srpska non plus.
Mais il se réfère aux condamnations pour génocide d'anciens chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, par le TPIY.
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