Près de cinquante ans après l'assassinat de son père, la Première ministre du Bangladesh Sheikh Hasina pleure toujours la perte du fondateur du pays et s'assure que toute la nation continue de célébrer sa mémoire.
Longtemps écarté de l'histoire officielle, Sheikh Mujibur Rahman, aussi appelé "Mujib", fait désormais l'objet d'un culte de la personnalité dans ce pays d'Asie du Sud, en tant que "Père de la Nation".
Son gouvernement a également imposé des sanctions sévères pour toute atteinte à sa mémoire.
La maison d'enfance de Sheikh Hasina, aujourd'hui transformée en musée dans un quartier huppé de Dacca, est au cœur de cette commémoration nationale.
Les murs criblés de balles portent encore les traces de cette attaque, dans des pièces où sont conservés les livres, la pipe et d'autres objets quotidiens de Mujib. Des centaines de personnes viennent quotidiennement lui rendre hommage.
"Trahison des espoirs"
Pendant la période agitée de la lutte pour l'indépendance du Bangladesh, face au Pakistan qui gouvernait ce territoire depuis la fin de la colonisation britannique en 1947, Mujib a été un personnage clé.
Mujib a été le premier dirigeant après l'indépendance, suivie d'années difficiles marquées par une grave crise économique à cause de la guerre, avec une famine qui a tué des centaines de milliers de personnes.
Vers la fin de sa vie, il a aboli la démocratie multipartite et imposé des restrictions drastiques aux médias.
"Pas de remise en question"
En 2018, son gouvernement a utilisé une nouvelle loi sur la cybersécurité pour arrêter de nombreuses personnes accusées de diffamer la mémoire de Mujib.
Les partis d'opposition affirment que le culte de Mujib et les lois protégeant sa mémoire reflètent une érosion plus large des libertés sous Sheikh Hasina et son emprise grandissante sur les institutions démocratiques.
Pour certains analystes, les motivations de la Première ministre sont plus personnelles.
L'apport de Mujib à l'indépendance du pays a été minimisé par le gouvernement militaire et ses assassins, parmi lesquels certains ont obtenu des postes diplomatiques convoités, ont été protégés des poursuites judiciaires, une loi ensuite abrogée par le gouvernement de Sheikh Hasina. Cinq hommes ont été pendus après son retour au pouvoir.