Crédit Photo : Phill Magakoe / AFP
L'ancien président sud-africain Jacob Zuma, membre du nouveau parti d'opposition uMkhonto we Sizwe (MK), scande un slogan lors d'un rassemblement électoral devant sa propriété à Nkandla, KwaZulu-Natal, le 25 avril 2024.
Malgré les scandales, un procès pour corruption et un passage en prison, il est de retour: l'ex-président Jacob Zuma est candidat aux élections générales en Afrique du Sud le 29 mai, devenu un opposant gênant et imprévisible à l'ANC au pouvoir.
Élu président en 2009, l'ancien pilier du Congrès national africain (ANC), qui a passé dix ans au pénitencier de Robben Island avec Nelson Mandela du temps de la lutte contre l'apartheid, avait été destitué par son propre camp en 2018 après une série de scandales.
À 82 ans, il a fait un retour inattendu quelques mois avant le prochain scrutin, propulsé tête de liste d'un nouveau petit parti radical baptisé du nom de l'ancienne organisation militaire de l'ANC, UMkhonto We Sizwe (MK).
Sa candidature est contestée mais sauf si la Cour constitutionnelle, plus haute juridiction du pays saisie par la commission électorale, le déclare inéligible d'ici fin mai, il pourrait être élu député.
Longtemps surnommé le président
pour son habileté à résister aux casseroles, Jacob Zuma a survécu ces derniers mois aux attaques du pouvoir pour disqualifier son parti, une tentative de la commission électorale d'invalider sa candidature en raison de sa condamnation à la prison en 2021, ainsi qu'à un accident avec un chauffard qui n'a finalement pas fait de blessé.
Orateur hors pair qui n'hésite pas à chanter et danser sur scène pendant ses meetings, il a multiplié dernièrement les attaques contre son ancien parti en perte de terrain, l'ancien chef redouté des renseignements pendant la lutte contre le régime blanc traitant ses anciens camarades de l'ANC de
Un dernier sondage Ipsos publié la semaine dernière donne plus de 8% d'intentions de vote au MK, dont il est rapidement devenu la figure. Tandis que l'ANC risque de perdre pour la première fois sa majorité absolue au Parlement et d'être contrainte de former un gouvernement de coalition.
L'ancien vacher autodidacte né le 12 avril 1942 a toujours bénéficié d'un fervent soutien populaire, notamment dans son fief du KwaZulu-Natal (est). Homme de réseaux et tacticien éprouvé, il a aussi conservé une influence au cœur de la machine politique capable de gêner son ennemi et actuel président Cyril Ramaphosa, 71 ans, en entretenant une guerre de factions fratricide au sein de l'ANC.
Ces dernières années, une commission anticorruption s'est lancée aux trousses de l'ancien président, l'enquête hors norme débouchant en 2022 sur un rapport exposant le rôle central de Jacob Zuma dans le pillage des caisses de l'État pendant ses neuf années au pouvoir. Il n'a pas encore été inquiété dans ce cadre.
Celui qui a maintes fois clamé
"ne pas avoir peur de la justice"
mais dit avoir dû
"vendre sa chemise pour payer les honoraires d'avocat"
a en revanche été condamné en 2021 à 15 mois de prison pour avoir refusé de se présenter devant cette commission anticorruption.
Son incarcération en juillet de la même année avait déclenché, dans un contexte socio-économique morose, des violences sans précédent depuis l'avènement de la démocratie dans le pays en 1994, faisant plus de 350 morts.
Celui dont le deuxième prénom, Gedleyihlekisa, signifie en zoulou qu'il
"rit en broyant ses ennemis"
n'a finalement passé qu'un peu plus de deux mois derrière les barreaux, bénéficiant d'une libération conditionnelle pour raison de santé puis d'une remise de peine.
En 2006, Jacob Zuma avait été acquitté du viol de la fille séropositive d'un de ses anciens compagnons de lutte. Il avait scandalisé le pays en affirmant avoir
après un rapport non protégé, pensant minimiser ainsi le risque d'une contamination au VIH.
L'ex-président est encore jugé dans une affaire de pots-de-vin remontant à 1999 impliquant le groupe français Thales. Jacob Zuma s'est marié six fois et a au moins 20 enfants.
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