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Afghanistan: les talibans rejettent les propos de l'ONU sur "un climat de peur"

Les talibans ont affirmé accorder un "rôle croissant" au puissant ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice (MPVPV), rejetant un rapport de l'ONU qui accuse cette police des mœurs de créer un "climat de peur" en Afghanistan.

18:06 - 9/07/2024 Salı
AFP
Une femme afghane vêtue d'une burqa achète des biscuits locaux appelés "kulcha" sur un marché de Kandahar le 15 juin 2024, à la veille de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha.
Crédit Photo : Sanaullah SEIAM / AFP
Une femme afghane vêtue d'une burqa achète des biscuits locaux appelés "kulcha" sur un marché de Kandahar le 15 juin 2024, à la veille de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha.
"La situation requiert un rôle croissant"
du MPVPV, a indiqué le gouvernement de Kaboul, en réponse au rapport intégralement consacré à ce ministère par la Mission d'assistance des Nations unies pour l'Afghanistan (Unama).

L'Unama estime dans ce rapport que
"les violations des droits humains par le MPVPV, de même que le caractère imprévisible de l'application de ses mesures, contribuent à créer un climat de peur et d'intimidation parmi la population"
afghane.

Plus qu'un simple ministère, le très redouté MPVPV est chargé d'appliquer les décrets ou instructions du chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, en conformité avec la loi islamique, et a un impact considérable sur la vie publique et privée des Afghans.

Cet impact est
"discriminatoire et disproportionné"
dans le cas des femmes, estime l'Unama, qui documente, pour la population générale, de nombreux cas d'arrestations, châtiments corporels, intimidations ou atteintes à la vie privée.

La mission onusienne cite notamment les mesures touchant les femmes, de moins en moins visibles dans les médias, tenues d'être le plus souvent accompagnées par un mahram (chaperon) lorsqu'elles sortent de chez elles et de porter le hijab. Elles sont aussi chassées des parcs ou des bains publics, ou obligées de fermer leur micro-entreprise, par exemple un institut de beauté.

Les hommes sont aussi touchés par les oukazes du MPVPV, poursuit l'Unama. Le rapport cite des cas d'Afghans flagellés en public pour manque d'assiduité à la mosquée, de barbiers arrêtés ou violentés pour avoir rasé des clients.


Dans l'annexe du rapport qui leur offre un droit de réponse, les autorités talibanes démentent dans certaines provinces citées toute arrestation, mais indiquent que des salons de barbier ont dû fermer. Elles assurent aussi que
"les médias sont libres depuis l'instauration de l'Emirat islamique d'Afghanistan"
et
"que les femmes peuvent aller dans les parcs et lieux publics"
.

L'Unama évoque également des
"mauvais traitements, arrestations arbitraires et détentions"
d'Afghans ayant écouté de la musique qui, si elle ne fait pas l'objet d'un décret, est de facto interdite par le MPVPV car elle
"attaque les racines de l'islam"
.

S'il existe désormais un mécanisme de recueil de plaintes de la population contre des abus de la part du MPVPV, les femmes en sont de facto quasiment écartées, et les Afghans en général ne lui font pas confiance, selon l'Unama.


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