Les PDG de Stellantis, Carlos Tavares, et de Mercedes, Ola Kallenius, étaient également présents à Billy-Berclau pour l'inauguration de cette méga-usine, un impressionnant site de 640 mètres de long et 100 mètres de large.
D'immenses machines connectées vont y aplatir, découper, empiler des feuilles d'aluminium enduites d'une pâte de minéraux rares, la base de ces cellules de batteries, qui seront ensuite assemblées et remplies d'électrolyte par des ouvriers en blouses blanches dans des salles immaculées.
Le secteur automobile prépare à grand renfort d'aides publiques un virage à marche forcée vers l'électrification, accéléré par l'interdiction des moteurs thermiques dans l'Union européenne à partir de 2035.
Le groupe ACC sera l'un des premiers à produire en Europe. Il sera suivi par trois autres usines de batteries en France, toutes implantées dans la même région, où émerge un écosystème qu'élus et industriels ont baptisé "Vallée de la batterie".
Le groupe sino-japonais AESC-Envision, près de Douai compte fournir Renault Electricity à partir de début 2025, la start-up grenobloise Verkor produira à partir de mi-2025 à Dunkerque, et le groupe taïwanais ProLogium vise une entrée en production fin 2026 pour sa première usine à l'étranger.
Au total, une cinquantaine de projets de ce type ont été annoncés à l'échelle européenne ces dernières années, pour ne pas laisser l'Europe à la merci des fournisseurs asiatiques, qui ont 10 à 20 ans d'avance dans ce domaine.
Le gouvernement français s'est fixé comme objectif de produire dans le pays deux millions de véhicules électriques par an d'ici 2030, souligne Bercy. Le site d'ACC à lui seul devrait à cette date produire de quoi équiper 500.000 véhicules chaque année.
La France entend fournir à son industrie automobile suffisamment de batteries assemblées dans le pays d'ici 2027, et même en exporter par la suite. Mais elle reste handicapée par le prix de son énergie, comparée à la Chine ou aux Etats-Unis, qui subventionnent massivement cette industrie.
Signe du soutien public, sur les sept milliards d'euros d'investissements nécessaires pour le projet ACC, le groupe a reçu plus d'1,2 milliard de fonds publics, dont 845 millions d'euros d'aides françaises.
La technologie lithium-ion utilisée sur la première ligne d'ACC reste toutefois gourmande en métaux stratégiques dont la chaîne d'approvisionnement est largement dominée par la Chine - lithium, nickel ou manganèse.
La transition représente également un défi social majeur, avec la disparition annoncée de dizaines de milliers d'emplois selon syndicats et organisations patronales, tandis que la Vallée de la batterie doit recruter et former plus de 20.000 personnes en quelques années.